A partir de 10 ansJeux de cartesOn teste !

Test – Althing

À la rédac’, il est de ces jeux qui divisent. Dans notre équipe de sales gosses (mais avant tout de fervents joueurs), on a autant personnalités différentes que de mains qui écrivent les tests. Alors, oui, évidemment, entre nous, certains jeux provoquent de longues discussions, parfois hautement philosophiques. On parle de nos attentes ludiques, de ce qui nous fait vibrer dans un jeu ou, au contraire, de ce qui nous chagrine, nous rebute ou nous rend franchement grognons. J’adore ces moments d’échange, on en ressort toujours grandis.

Mais, oui, certains jeux font débat… notamment les jeux dénichés au hasard de nos balades sur Kickstarter.

C’est sur cette plateforme de financement participatif que j’ai découvert Althing, en mars dernier. Rappelez-vous, on vous en avait d’ailleurs parlé ici même, Krinie et moi, dans une news. Et, le moins que l’on puisse dire c’est que nos avis étaient, à l’époque, bien divergents. Un peu refroidie par la forme de la campagne, qui l’avait faite s’interroger sur la réalisation du jeu, Krinie avait passé son tour. Alors que, pour ma part, je m’étais entêtée à soutenir mordicus à la rédac’ que ce jeu valait le coup qu’on creuse un peu.

Bon, certains vous diront que je suis bon public concernant les jeux Juniors. Et ils n’auraient pas tort… J’aime tester de nouveaux titres, rien que pour le plaisir de la découverte. Mais Althing était différent. Un de ces jeux pour lesquels on a un tel feeling qu’on aurait parfois envie que la terre entière adhère à notre hype. Souvent, d’ailleurs, on ne sait même pas expliquer pourquoi. Mais on pressent le potentiel pour attirer les Juniors autour de la table. C’est comme ça.

Les mois ont passé, Althing est finalement arrivé dans nos chères boutiques (et même en avance, soulignons-le, c’est tellement rare sur Kickstarter !) Et nous avons pu nous procurer, grâce à Studio Twin Games, un exemplaire du jeu. Alors ? Verdict ? Est ce que mon intuition s’est vérifiée ? Ou me suis-je au contraire complètement fourvoyée ?

Suivez le guide, je vous livre sans détour mes impressions sur Althing, un jeu de Flavien Champennois, illustré par Patrick Fontaine et édité par Studio Twin Games. Il s’adresse aux Juniors de 10 ans et plus pour des parties d’environ 20 minutes. Notez qu’Althing est prévu pour 2 joueurs mais qu’une variante 3 joueurs et une variante solo sont incluses dans la boite de jeu.

[Ce test a été réalisé au moyen d’une boîte qui a été gracieusement mise à disposition par l’éditeur. Ça ne change rien à l’avis, parce que de toute façon, je l’avais pledgé sur Kickstarter avant même qu’il me l’envoie. Mais bon, comme ça fait vraiment super stylé de le préciser, ben… on le précise.]

Je voudraiiiis déjà être roiiii !!!!

Pour la petite histoire, dans Althing, un grand drame vient de se produire : le roi des Vikings est mourant. Selon la tradition, sa fille doit désormais trouver son digne successeur. Elle part donc en quête du Viking assez méritant pour monter sur le trône.

Alors, vous imaginez bien qu’on ne devient pas chef comme ça et que de grandes épreuves attendent les prétendants… Mais seul le plus courageux, celui qui atteindra en premier le Althing pourra revendiquer la place de Roi.

Quelle pression ! Et ce n’est pas fini… Gardez bien une chose en tête : dans Althing, il faut être rapide et cette notion de course sera le fil conducteur de chacune de vos parties.

Un de ces petits jeux qu’on aime emporter partout.

Althing se classe dans la catégorie des « petits » jeux. Non pas parce qu’il est très simple (croyez-moi, il a plus d’un tour dans son sac) mais parce que le format de la boite et la durée des parties vous permettront de le sortir partout et souvent.

Vous n’aurez guère besoin de plus qu’un simple coin de table pour y jouer et à peine quelques centimètres carrés dans votre sac à main pour le transporter. Définitivement, un vrai jeu polyvalent, et c’est appréciable en cette période de l’année où on se creuse la tête pour trouver quels jeux emporter au camping pour jouer avec nos Juniors pendant les vacances.

Concernant le matériel, on trouve dans la boîte principalement des cartes, 72 au total, qui se divisent en 3 ensembles distincts appelés « decks » :

  • un deck « Épopée » qui représente la route à gravir pour atteindre l’Althing
  • un deck « Assemblée » qui contient les Vikings que vous pourrez rallier à votre cause tout au long de votre aventure
  • un deck « Personnel » qui représente votre équipage de départ, c’est à dire les 9 cartes avec lesquelles vous débuterez le jeu.

Notez qu’un quatrième tas de cartes, appelé « Deck de Thorfinn » est présent mais réservé au mode Solo du jeu.

Bien que les cartes soient de bonne qualité, à la maison, nous avons pris le parti de les sleever puisqu’elles vont être battues et rebattues à maintes reprises, tout au long de la partie.

Oui, Althing est bien un Deck Building. Mais, pour autant, si vous êtes allergiques à ce type de jeux, ne fuyez pas trop vite, vous pourriez bien être surpris puisqu’il bouscule un peu les codes du genre. J’y reviens un peu plus loin.

Pour compléter ces decks, vous trouvez 3 petites figurines de trolls, appelés Twinples. Pour ceux d’entre vous qui connaissent Studio Twin Games, elles vous sembleront vraiment familières. Pour les autres, les Twinples, ce sont de petites figurines en résine qui sont commercialisées par l’éditeur afin de remplacer (pimper) une partie du matériel de nos jeux de société préférés. L’idée étant de remplacer des jetons en carton ou des pions en plastique de forme assez commune par des figurines ou tokens en résine qui collent davantage à l’univers.

On en trouve d’ailleurs pour de nombreux titres, les plus connu étant ceux créés pour Kingdomino, Magic Maze ou encore Dice Forge.

Evidemment, on trouve également la règle du jeu. De format court et très claire car bien illustrée, elle vous permet de prendre rapidement en main les grands principes du jeu. Mais parce qu’on est des sales gosses (parfois grincheux), on déplorera quand même la présence de quelques fautes d’orthographe et typos persistantes malgré l’alerte de Krinie dans la News publiée en mars.

À la découverte de l’Althing.

Je vous le dis d’emblée, je ne m’attarderai pas sur le détail des règles du jeu. Non pas par flemme hein, mais parce que l’auteur a prévu une campagne d’apprentissage que vous retrouvez en toute fin de livret.

Je ne veux en aucun cas vous spoiler le plaisir de la découverte car, vraiment, cette campagne est plutôt bien fichue. Mais, en résumé, elle se divise en 3 volets, chacun correspondant à une session de jeu, plutôt courte d’ailleurs, qui permet de  découvrir les différents éléments de jeu mais qui, surtout, introduit progressivement les différents pouvoir de cartes.

Cette campagne est une idée ingénieuse pour deux raisons. Déjà, on évite la lecture fastidieuse des règles avec un Junior qui gigote, en face, sur le canapé. Ici, le voilà tout à coup, acteur de la découverte du jeu. Cet apprentissage didactique est vraiment appréciable pour nous, parents, car soyons francs, l’appropriation des règles n’est pas la partie la plus fun lorsqu’on sort un nouveau jeu. Mais, surtout, Junior ressent un plaisir ludique immédiat dès l’ouverture de la boite et ça, c’est top !

Et puis, sans trop vous dévoiler les mécaniques de cette campagne, le premier volet utilise principalement les cartes de base, le second et le troisième étant plutôt consacrés à l’introduction des quatre types de pouvoirs, deux par partie. Le gros avantage de cette répartition, c’est qu’il est assez simple de s’arrêter après la première, deuxième ou troisième partie selon que notre Junior semble plus à l’aise avec les règles basiques ou un peu plus avancées. On peut rejouer le volet de notre choix en boucle jusqu’à ce qu’il prenne assez d’assurance pour passer à la suite.

Pour cette raison, si vous vous cantonnez aux règles de la première campagne, j’aurai tendance à dire que le jeu est jouable par des Marmots plus jeunes que l’âge annoncé (7/8 ans). La mécanique initiale de jeu est vraiment très facile à prendre en main et permettra aux Pré-Juniors, quelques peu lassés de jouer à Kibrul,  de goûter aux principes du Deck Building de « grands ».

Pour autant, attention ! Dès l’introduction des pouvoirs, le jeu se complexifie, avec l’apparition d’une mécanique de « take that » qui fait partie intégrante du plaisir de jeu et qui confère à Althing toute sa saveur. Pour cette interaction nécessaire, il vaudra mieux réserver les parties avec l’intégralité des règles à nos Juniors un peu plus vieux. Ainsi, 8-9 ans me parait idéal pour démarrer, surtout si vos loustics sont joueurs depuis leur plus tendre enfance.

Ecrire son Épopée pour marquer l’Histoire.

Oui, je l’ai déjà dit, mais un rappel ne fait jamais de mal : être Roi, ça se mérite. Dans Althing, nos Juniors sont donc invités à se lancer dans un grand périple au cours duquel ils vont devoir relever des épreuves. Chaque épreuve leur permet de gravir une marche supplémentaire pour se rapprocher toujours plus du Thing ou de l’Althing, but ultime de l’expédition.

Ce périple est symbolisé par des cartes, alignées sur la table, l’ensemble représentant la route à parcourir pour gagner la partie. Chaque étape correspond à une ville, c’est à dire une carte sur laquelle va se déplacer notre postulant (le petite Twinple de couleur). Le premier joueur qui arrive au bout de la piste de cartes est déclaré vainqueur, c’est aussi simple que ça.

Mais, comme dans la vie rien n’est gratuit, pour avoir le privilège de séjourner dans chacune des villes il faut s’acquitter d’un droit d’entrée, un ensemble de ressources à offrir au maître des lieux.

Ce voyage initiatique porte le doux nom d’Épopée, un terme magnifiquement raccord avec les mécaniques de jeu. Oui… Il rappelle ô combien, dans Althing, l’important va être de construire son histoire. Il faut privilégier sa propre progression et non pas la destruction de son adversaire, comme c’est souvent le cas dans la plupart des Decks Building. Il y a une véritable dimension poétique dans le jeu, ce qui le rend particulièrement savoureux ; on apprécie la zenitude qui émane de chacune des parties malgré un univers en apparence plutôt rustre et sanguinaire.

Une piste d’Épopée facile avec 5 cartes
Une piste d’Épopée difficile avec 8 cartes et deux chemins alternatifs.

Le jeu propose plusieurs types de mise en place, avec des routes plus ou moins longues et plus ou moins linéaires selon les cas ; vous n’aurez donc aucun mal à adapter la difficulté au Junior en face de vous. De la même façon, les cartes sont recto/verso et installées au hasard pour garantir des parties toujours différentes.

Après une vingtaine de parties, nous n’avons toujours pas la sensation de tourner en rond. Merci l’aléatoire de la pioche et de la mise en place. Les Juniors apprécient de ne pas avoir entre les mains un jeu qui ronronne, une fois qu’on le maitrise, car ici, chaque nouvelle partie nécessite de repenser ses choix différemment.

Construire son aventure pour entrer dans l’Histoire.

À l’instar des Decksbuilding classiques, dans Althing, il va falloir construire son paquet de cartes, appelé deck personnel. À chaque tour, on pioche 4 cartes dans ce deck (parfois 5, dans le meilleur des cas) et il faut composer avec ce qu’on a en main pour réussir à progresser sur l’Epopée et atteindre la dernière case.

Chaque joueur démarre avec un paquet identique qu’il faut améliorer en recrutant des compagnons de route à l’Assemblée, la rivière de cartes communes, au centre de la table. Evidemment, ce n’est pas gratuit, chaque recrutement induira une dépense de pépites présentes sur certaines cartes (mais pas toutes !). Chaque carte achetée est ensuite remplacée pour laisser place à de nouveaux choix de recrutements. Tout ceci, bien entendu, dans la limite de l’or dont chacun dispose, en main, au moment des emplettes.

Quel est l’intérêt de recruter des compagnons me direz-vous ? C’est assez simple. Les cartes Vikings présentent, toutes, des symboles de ressources : du bois, des ossements ou des pépites. Ce sont ces ressources qu’il faudra dépenser, de votre main, pour progresser sur les différentes cartes de l’Épopée. Bien sûr, plus on avance, plus les cartes seront gourmandes en ressources. Le recrutement est donc crucial pour espérer gagner la partie.

Recruter à tout va, l’idée du siècle ?

Non, vraiment, ce ne serait pas très judicieux. Voyez-vous, le petit Twist du jeu réside dans un principe très simple : pour avancer, il faut pouvoir présenter les ressources requises en une fois, dans un même tour de jeu. Et c’est là que réside toute la difficulté.

Contrairement à un Shards of infinity, un Star Realms ou tout autre Deck Building où les effets de jeu vous permettent régulièrement d’étaler devant vous tout un catalogue de vos cartes les plus fortes, dans Althing, point de tout cela. Aucune de vos cartes ne vous permettra jamais d’aller puiser dans votre deck autrement que pour refaire votre main, en fin de tour. Et ça, c’est parfois très embêtant car bien souvent, il vous manquera LA ressource finale qui vous aurait permis de progresser.

Donc recruter oui, mais point trop n’en faut. Comme dans tout bon deckbuilding, il faut faire grossir son paquet, certes, mais avec les bonnes cartes, sous peine de ne jamais les obtenir au bon moment. L’optimisation est, comme toujours, la clé de voûte de votre paquet de cartes. Et si vous construisez mal votre paquet, vous allez ramer à contre-courant, tout au long de la partie, implorant le dieu de la chance de vous donner un peu de chance au tirage. Ce qui n’arrivera pas, je préfère vous le dire tout de suite.

Certaines cartes sont d’ailleurs très fortes et les Juniors les repèrent vite, croyez-moi. Elles représentent les ressources en grande quantité ou en grande variété, autant vous dire qu’en piocher deux en une fois, c’est Jackpot. Il ne faut donc pas les laisser passer et encore moins les rendre disponibles pour votre adversaire qui s’empresserait leur trouver une petite place, bien au chaud, dans son propre deck.

Elle m’a pas l’air très épique ton Épopée…

Détrompez-vous… Certes, sur papier, on semble être dans un schéma de jeu assez linéaire mais il n’en est rien. Bien plus qu’un petit jeu de gestion de ressources tout mignon, Althing est surtout un magnifique jeu d’affrontement, où le « take that » doit avoir la part belle.

De nombreuses sources d’interaction sont présentes dans le gameplay. Rappelez-vous, je vous parlais un peu plus haut de la campagne et des différents pouvoirs de cartes introduits progressivement. Plus concrètement, les cartes de l’Assemblée ainsi que celles de votre deck personnel présentent, certes, des ressources mais surtout des symboles pouvoirs, au nombre de quatre.

Le premier pouvoir, présent uniquement dans votre deck personnel, vous offre la possibilité de détruire certaines cartes de l’Assemblée pour empêcher l’adversaire d’y accéder. Ça peut vraiment casser les pieds quand toutes les cartes fortes disparaissent sans que vous ne puissiez rien y faire. Vous pensiez recruter LA carte de vos rêves au prochain tour ? Et bennn nonnn ! Retentez-votre chance un peu plus tard… Enfin, si Junior vous en laisse l’occasion.

Bon, niveau interaction, ça peut paraitre gentillet, je vous l’accorde… Alors sachez que la véritable fourberie du jeu se situe à un tout autre niveau.

Les trois autres pouvoirs sont effectivement bien plus puissants. Ils vont vous permettre de freiner votre adversaire dans sa progression, l’empêchant tantôt d’avancer, tantôt de recruter, parfois les deux. Vous pouvez même pourrir son deck en l’obligeant à y insérer des cartes Trolls qui ne présentent ni ressources ni pouvoirs. De quoi le bloquer quelque peu dans sa quête.

Bien sûr, il peut riposter mais, pour cela, il doit se défausser d’une de ses cartes portant le symbole de riposte adéquat. Et je vous le donne en mille, toute carte ainsi défaussée n’est jamais remplacée quand vient son tour de jeu. Se défendre c’est donc s’amputer des ressources associées à la dite-carte et ça, nos Juniors, ils apprécient moyennement.

Finalement, dans Althing, il faut sans cesse calculer : doser le pour et le contre de chaque action, anticiper nos besoins en ressources, regarder plus loin que le bout de son nez la prochaine carte Épopée et surtout : toujours garder un oeil sur l’adversaire. La stratégie doit être réajustée en permanence, fonction des actions de notre opposant. Le bluff est aussi de mise car il ne faut jamais laisser transparaitre ce que l’on va jouer, sous peine que l’adversaire nous bloque au prochain tour.

Tout ça rend le jeu bien plus tactique et nerveux qu’il n’y parait, de prime abord ; le côté poétique s’envole peu à peu au profit d’une tension ludique bien plus raccord avec l’univers impitoyable de Dallas des Vikings.

Mais… (oui, il y a toujours un mais…)

Vous l’aurez compris, la hype que j’ai ressentie en découvrant le jeu sur Kickstarter ne s’est pas estompée une fois le jeu entre les mains. D’autant plus qu’avant de le présenter à mon Huit’ans (et demi, il y tient !), j’ai enchainé quelques parties avec son père pour bien assimiler les différents mécaniques de jeu. Les duels étaient épiques, et les fins de parties toujours serrées. Un vrai régal.

Mais… une fois Junior de la partie, on a finalement entrevu assez rapidement, une des limites du jeu.

Vous l’avez compris, l’interaction entre les deux joueurs est primordiale pour garantir le côté nerveux des parties. Les symboles pouvoirs sont présents sur la quasi totalité des cartes et ce n’est pas pour faire joli. Ainsi, on comprend très vite qu’attaquer l’autre et le voir riposter fait partie intégrante du plaisir et de la mécanique de jeu.

Mais… pour autant… dans le gameplay, RIEN n’oblige à aller titiller l’adversaire, ce point étant laissé à l’appréciation des joueurs.

Alors, si ça lui chante, votre Junior peut très bien décider de se contenter de recruter des Vikings et d’avancer sur l’Épopée. Ou de ne pas riposter si vous l’attaquez. Il peut même décider de passer son tour pour refaire partiellement sa main jusqu’à avoir les bonnes cartes pour avancer. Et tout ceci, bien évidemment, il peut aussi décider de le faire en boucle…

En soi, cela peut être une bonne stratégie sauf que, d’un coup, ça rend le jeu nettement plus plan-plan. On se retrouve dans un schéma linéaire au possible sans aucun rebondissement : « Junior pioche – Junior passe – Junior repioche X cartes – Junior re passe – Junior re pioche X cartes », etc. Ahhhhh, mais attendez! Junior a enfin les bonnes cartes et il avance, on va pouvoir se fighter ! Ah ben non… il recommence à défausser pour la prochaine étape de l’Épopée, zut !

Vous voyez le genre ? Les parties peuvent vite devenir interminables…

Sans compter que pouvoir défausser à tout va exempte nos Juniors de réfléchir à leurs recrutements. À quoi bon calculer ce qu’ils vont recruter, ils achètent tout ce qui passe, puisqu’ils peuvent, ensuite, défausser autant qu’ils veulent jusqu’à piocher les bonnes cartes… Tout un pan du gameplay est ainsi ignoré et c’est bien dommage.

Une marge de progression sympathique

Je ne vais pas vous mentir, cette stratégie a rythmé la presque totalité de nos premières parties. Junior en usait et abusait, et c’était assez énervant. Je m’essoufflais à l’attaquer et lui ne réagissait jamais. Et j’avais beau lui expliquer que le jeu serait bien plus fun si on s’embêtait mutuellement, il me rétorquait qu’il ne ferait pas autrement tant que sa stratégie était payante. Quelle tête de mule (comment ça, on dirait sa mère ?!).

Je ne vous cacherai pas non plus que vos premières parties risquent fortement de ressembler aux miennes, surtout si vous jouez avec des Juniors de 8-9 ans. Mais (ben oui, il y a un mais… encore !), ne vous arrêtez pas à ça et ne condamnez pas trop rapidement Althing, ce serait une erreur.

Serrez les dents quelques temps, acceptez les longueurs dans vos parties car, un beau jour, le déclic se fait et la magie opère. Les Juniors tentent timidement une première attaque, puis une seconde, et s’emplissent finalement du sentiment grisant qu’embêter l’adversaire, c’est quand même plutôt sympatoche.

Avec le recul, je me dis que c’était le temps nécessaire pour que mon Junior appréhende les règles, prenne de l’assurance grâce à une meilleure connaissance des cartes et apprenne à optimiser ses coups. Aujourd’hui, assurément, plus aucune partie n’excède les 20/25 minutes et c’est à chaque fois un duel tactique, nerveux avec une victoire arrachée sur le pouce.

Cette étape transitoire prendra peut-être plus ou moins de temps, selon le Junior que vous aurez en face de vous, fonction de son âge ou même de sa faculté à analyser les cartes rapidement. Peut être même que vous ne ressentirez jamais cette limite lorsque vous jouerez en famille. La préhension du jeu est vraiment inhérente à chaque enfant. Mais je me devais de vous en toucher deux mots car selon l’appétence, ou non, de votre Junior pour l’interaction forte dans les jeux de société, ce petit caillou dans la chaussure pourrait rapidement devenir un gros rocher. Et vous faire passer à côté du jeu si vous n’insistez pas un peu.

L’avis de Plateau Junior!

Vous l’aurez compris, malgré mon petit bémol en fin de test concernant la longueur des premières parties, Althing est un jeu de Deck Building qui a su s’imposer dans notre ludothèque.

Que ce soit de par son thème accrocheur, les nombreuses mécaniques qu’il met en oeuvre (gestion de ressources, construction et optimisation de deck, course à la victoire, etc.) et sa grande adaptabilité au niveau de nos Juniors, Althing représente une très jolie transition entre les Decks Building « marmots » comme Kibrul et les jeux d’affrontement un peu plus cossus comme Shards of Infinity.

Accessible dès 8 ans grâce aux règles progressives, le jeu propose une formidable courbe d’apprentissage pour nos Juniors qui peuvent appréhender tout doucement les différentes manières d’utiliser leurs cartes, sans aucun stress. Aucune tactique n’est meilleure qu’une autre et rien n’est jamais imposé dans ce jeu ; tout est, finalement, subtilement suggéré pour permettre aux Juniors de s’approprier et se construire leurs propres stratégies. Une belle façon de s’adapter au rythme de progression des Juniors, qu’ils soient débutants ou plus à l’aise dans ce type de jeux.

Althing se prémunit, en outre, d’une rejouabilité plus que confortable, aidé par l’aléatoire de la pioche et la mise en place de l’Épopée dont la taille et la composition peuvent être modulées à chaque nouvelle partie.

Si vos Juniors sont friands de petits jeu de cartes, rapides, nerveux et polyvalents, nul doute qu’Althing saura les séduire autant qu’il a pu conquérir le coeur de mon Junior à moi !

L’avis complémentaire de Ludivine :

Mon aventure avec les jeux de Deck Building est toute récente mais néanmoins intense. Junior et moi avons plongé avec l’excellent Star Realms (dont le test arrive bientôt don’t worry) et depuis, nous sommes en quête de retrouver ces sensations de jeu et même d’aller plus loin. Qu’on se le dise, Althing a rempli ces critères et pas seulement grâce à l’univers de Ragnar Lothbrok mais aussi (et surtout) grâce à un gameplay complet et fluide.

En effet, on a adoré le fait de coupler un jeu de Deck Building à un jeu de course avec des interactions et des coups de crasse qui ne sont pas prioritaires mais ajoutent une bonne dose de piment. Vous comprenez que Je n’ai pas vécu la même expérience qu’Emy de manque d’interactions avec mon Junior, qui, sortant de 15 jours à enchainer les parties de Hero Realms, a automatiquement tendance à m’attaquer (parfois beaucoup trop injustement).

Les petites différences avec les Decks Building classiques nous ont un peu perturbés, au début. Nous qui avions l’habitude d’acheter pour enrichir notre deck à foison, nous nous sommes retrouvés bien embêtés avec toutes ces cartes à peu de ressources en fin de partie pour atteindre l’Althing. Il a alors fallu faire confiance à cette satané chance pour cette dernière étape, et gagner sur un coup de bol : ça NOOOON ! Mais dès les parties suivantes nous avons réajusté notre stratégie d’achat en tenant compte de l’impossibilité d’épurer son deck. Car, oui, Althing est un jeu avec une belle courbe de progression.

Mon avis n’apporte donc que très peu de contraste à celui d’Emy car nous avons eu un ressenti similaire, d’un bon jeu de Deck Building intermédiaire pour junior, bien équilibré et plaisant à jouer mais qui secoue un peu les habitués du genre.

On aime :

  • La campagne d’apprentissage des règles qui est extrêmement bien fichue
  • Les différentes mécaniques réunies en un seul jeu : Deck Building, gestion de ressources, affrontement, etc.
  • Le thème et l’univers
  • La durée des parties

On aime moins :

  • Les premières parties qui peuvent sembler interminables si Junior joue dans son coin
  • Rien ne pousse à développer l’interaction entre les joueurs

Vos Juniors aimeront si :

  • Ils aiment découvrir d’autres formes de Deck Building
  • Ils aiment les Vikings

Vos Juniors risquent de moins aimer si :

  • Ils n’aiment pas la mécanique de construction de deck
  • Ils n’aiment pas l’interaction trop forte dans les jeux

Où le trouver ?

 

3 commentaires

  1. Bonjour à toutes et tous .
    Pour favoriser l’appropriation du jeu par vos juniors qui ne font que de défausser et reconstituer leurs mains en attendant d’avoir les bonnes cartes , sans rien faire d’autre, peut-être pouvez-vous mettre en place un système de token (4 exemple) pour toute la partie. Ces tokens serait consommés à chaque fois que junior défausse sa main sans rien faire d’autre. Une fois l’ensemble des tokens utilisés il ne peut plus faire cette défausse  »seche ».

    1. Bonjour Flavien 😀
      Merci beaucoup pour l’astuce ! Je vais la tester dès aujourd’hui avec les cousins de mon fils qui n’ont jamais joué au jeu. Je te dirai si ça a fonctionné.
      Bonne journée 😄

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