A partir de 8 ansJeux de cartes

Test – Color Flush

À la maison, les jeux d’ambiance, ce n’est pas ce qui garnit le plus notre ludothèque. Il faut dire qu’on est trois, ce qui n’est pas toujours la configuration la plus fun, et que, jusque-là, les occasions d’être plus nombreux autour de la table se présentaient rarement. Mais depuis quelques temps, Junior se balade toujours avec une boîte dans le sac et il ne manque jamais une occasion de lancer une partie où qu’il se trouve. Du coup, ça fédère, et voilà donc que papy et mamie sont devenus presque plus accrocs aux jeux de société que nous.  C’est dire ! Alors, finalement, la tendance s’est un peu inversée et, exit les jeux longs, on cherche désormais des petits jeux sympathiques à sortir facilement, le dimanche, à l’apéro.

Parmi les découvertes récentes, il y a Color Flush, le petit dernier de la gamme jeux d’ambiance, sorti chez Blue Orange il y a quelques jours à peine. Cette gamme, vous savez, ce sont les petites boîtes aimantées qu’on peut transporter partout : Taco Chat, Taco Chapeau, Mot malin, Kikafé, Braverats, vous voyez ? Allez, je suis sûre que vous en connaissez au moins un. Chez nous, en tout cas, on les a tous joués et rejoués des dizaines de fois, avec toujours autant de plaisir et de rires autour de la table. Alors ni une ni deux, une fois les règles lues, on a embarqué Color Flush le week-end suivant pour le tester, en famille, histoire de voir s’il était le digne successeur de ses grands frères.

Vivien Roeltgen |  Blue Orange
3 à 6 joueurs | 7 ans et plus | 15 min

Une toute toute petite boîte…

…avec des toutes toutes petites cartes et des toutes toutes petites règles.

Voilà en quelques mots, je vous ai présenté le matériel de Color Flush. Dans la boîte, point de fioritures, il y a juste des cartes et une règle du jeu qui tient en tout et pour tout, sur trois minis pages recto/verso. On sent d’emblée le jeu qui va être aussi rapide à apprendre qu’à jouer, c’est chouette ! Le principe du jeu, quant à lui, s’explique aussi vite que la préparation du matériel : si vous réussissez à présenter une main de cartes ayant toutes la même couleur, à vous la victoire.

Les cartes, justement, sont présentes en 50 exemplaires et sont recto/verso, chaque face présentant une couleur identique ou différente selon les cas. Huit couleurs au total dont deux couleurs spéciales qui représentent, pour l’une, un joker (le blanc) qui peut remplacer n’importe quelle autre couleur, et un pouvoir spécial pour l’autre (le noir) qui pourra être aussi avantageux que casse bonbon. J’y reviendrai.

Mais pourquoiiiiii des cartes si petites ?

Bon, abordons tout de suite le sujet qui titille un peu : les cartes ont un format assez particulier… Très hautes et pas très larges, elles sont assez compliquées à tenir en main, surtout pour les Juniors qui ne maîtrisent pas très bien leurs 10 doigts (suivez mon regard). C’est un poil gênant, car, voyez-vous, l’un des grands principes du jeu, c’est qu’on ne peut JAMAIS regarder le verso de nos propres cartes ; seuls vos adversaires auront accès à cette information. Évidemment, certaines actions vous permettront de les consulter au cours du jeu, mais garder bien en tête que si vous vous spoilez le dos de votre main, la partie est fichue. 

Alors, fermez les yeux et imaginez-vous la scène. Des cartes qui glissent beaucoup, des mains qui gigotent dans tous les sens et des Juniors qui trifouillent les cartes sans cesse… Catastrophe en vue. Chez nous, on a du s’y reprendre à 4-5 fois pour lancer la partie, à cause de la main de cartes qui penche, qui tombe et d’un Junior, dépité, qui jure que : « Promis, j’ai rien vu ». Mon œil.

Alors, conseil de maman d’un Junior qui a la bougeotte : investissez dans un porte-cartes qui lui facilitera grandement la vie. Mais si vous n’en avez pas, pas de panique, prenez juste un peu de temps au départ pour bien poser les bases avec vos Juniors. On serre ses doigts, on arrête de se dandiner sur la chaise, car le dos des cartes, interdit d’y regarder. Sinon c’est corvée de vaisselle, les voilà prévenus.

Trois actions, un point c’est tout.

Une fois l’atelier motricité terminé, et la main de 5 cartes de chacun bien en place, la partie peut démarrer.

Dans Color Flush, comme je vous le disais, l’objectif est de réussir à présenter une main de cartes monocouleur à n’importe quel moment du jeu, c’est-à-dire, soit pendant son propre tour, soit pendant le tour d’un adversaire. Pour y parvenir, ce ne sera pas si facile, car on ne dispose que de 3 actions lors de notre tour de jeu :

  • Voler une carte à un adversaire (ou la prendre sur le dessus de la pioche)
  • Donner une de ses propres cartes à un adversaire de son choix (ou la poser sur le dessus de la pioche)
  • Retourner une carte de sa main (le recto de la carte devient le nouveau verso)

Ces trois actions sont obligatoires, mais peuvent être réalisées dans n’importe quel ordre, au choix.

« Oh, Emy tu déconnes là ! On prend, on donne, on retourne… C’est fastoche, il n’y a rien de compliqué là-dedans », me direz-vous. Et bien, pas si vite, je vous assure que si Color Flush est très facile à appréhender dans le concept, il n’est pas si facile à jouer, autant pour les Juniors que pour les parents.

Il y a plein de petits aspects à maîtriser dans le jeu, tout un tas de petits détails qui pourraient bien, une fois assimilés, vous assurer la victoire. Car Color Flush fait partie de ces jeux qui se maîtrisent avec le temps, de ceux qu’on pense tous légers et qui se révèlent bien plus stratégiques qu’ils n’y paraissent.

Le bal des cartes masquées

Rien que les cartes, déjà. Oui, je sais, vous allez me dire : « mais qu’est-ce qu’elles ont encore ces cartes ? ». Et bien, au-delà de ne pas être faciles à tenir, la manière de les donner aux adversaires demande un petit temps d’adaptation.

Dans la majeure partie des jeux de cartes, lorsqu’on doit donner une carte à quelqu’un, on lui fait glisser discrètement sur la table, recto face contre terre, pour éviter que tous les autres joueurs ne sachent ce dont on vient de se défausser. Ici, impossible, car je le rappelle, et non je ne radote pas, vous ne devez jamais découvrir le verso de vos cartes sauf si vous décidez de les retourner avec l’action dédiée. Alors, il faut faire très attention de ne pas l’incliner en donnant la carte à votre adversaire, sous peine de fausser complètement le jeu. Cette façon de transmettre des cartes, un peu contre nature, demande une vraie gymnastique de l’esprit pour se forcer à lutter contre nos habitudes.

Et ça, ce n’est déjà pas facile pour un adulte, alors nos petits Juniors, les premiers temps, ils sont un peu en difficulté. Ceci dit, je vous rassure, il n’y a rien d’insurmontable, et au bout de quelques parties, les transmissions de cartes se fluidifient et le côté frénétique du jeu reprend vite le dessus, écourtant par là même la durée des parties.

Si tu es Team Dori, passe ton chemin.

Sous ses airs gentillets, Color Flush est un jeu qui demande énormément de concentration et un maximum de mémoire. Les cartes passent de main en main, se retournent, se défaussent à la vitesse de l’éclair. Chacun récupère des informations différentes sur les cartes qu’il voit passer devant lui, avant de les larguer chez le voisin. On aperçoit une partie des cartes des autres, mais pas tout. Puis on les retrouve quelques tours plus loin dans l’autre sens chez un adversaire. Un joyeux bordel, en somme, où il faut donc observer, compiler, analyser en permanence, et ce, en un temps record car la victoire s’arrache, généralement, en moins de 10 minutes.

Sans compter que certaines cartes spéciales, les cartes noires, viennent apporter encore plus de chaos. Si elles se retrouvent face à vous, elles vous obligent à retourner votre main de cartes. Adieu la presque combinaison gagnante, vous voilà contraint de repartir de zéro. Il faut donc se débrouiller pour les identifier rapidement pour les faire glisser dans la main de votre adversaire tout en s’assurant qu’elles ne reviennent pas trop vite dans la nôtre.

Finalement, vous voyez, trois petites actions seulement dans ce jeu, mais qui ouvrent le champ des possibles au niveau de la stratégie. Un seul mot d’ordre : décrypter le jeu de vos adversaires pour contrer le hasard coûte que coûte et tenter de déjouer leurs coups de bluff même les plus redoutables.

Et les Juniors dans tout ça, ils s’en sortent ?

À la maison, nous l’avons joué dans bon nombre de configurations : à trois, à cinq, entre Juniors ou entre adultes uniquement… Et surtout : en famille, Juniors et parents réunis autour de la table. Et force est de constater que selon la configuration de partie, les sensations de jeux sont vraiment très différentes.

Entre adultes, le jeu est très tactique, les tours sont réfléchis, les blocages nombreux. Mais, au contraire, rassemblez une troupe de Juniors autour du jeu et là, les parties sont fluides, rapides et sans prise de tête. Est-ce parce qu’ils sont plus spontanés que les adultes ou qu’ils ont plus de chance dans le choix des cartes ? Excellente question. Mais toujours est-il qu’on a vraiment la sensation d’un jeu dans le jeu.

Pour autant, est-ce réellement adapté à des Juniors ? À 7 ans, l’âge annoncé par l’éditeur, clairement non. Mais pour des Juniors de 10-12 ans, qui commencent à comprendre les mécanismes du bluff, de la prise de risque, du blocage des adversaires, Color Flush fait plutôt bien le job. Alors après, il faut que vos Juniors aient l’appétence de ce genre de jeu, totalement axé sur des mécaniques et sans aucun univers embarquant. Mais si l’absence de thème marqué ne leur fait pas peur, fort à parier que vous aurez face à vous de très bons adversaires, à la mémoire bien plus performante que la vôtre. 

Alors finalement, ton avis, Emy ?

Color Flush a suscité des réactions très variées à la maison, qui vont de l’indifférence totale de Papa jusqu’à la hype totale de Junior. Pour ma part, je trouve le jeu de plus en plus plaisant à mesure qu’on y joue. Les 20 premières parties étaient clairement plan-plan : on piochait chez les uns et les autres un peu au pif, on utilisait très peu la pioche, car on trouvait toujours notre bonheur dans la main des adversaires.

Pour être tout à fait honnête, j’ai longtemps cru que le fait de ne pas se servir de la pioche relevait d’un problème dans le jeu. On ne voyait pas du tout à quoi elle servait puisqu’on ne piochait (ni défaussait) jamais dedans. Et finalement, à force d’enchaîner les parties, on a compris que toute la stratégie résidait dans le fait de bloquer les adversaires et que les obliger à piocher, ça les empêchait de venir nous chercher des poux en cassant nos suites de couleur. 

Alors finalement, une partie en a appelé une autre, puis une autre et encore une autre… Et Color Flush est ainsi devenu le jeu qu’on emmène dans le sac le week-end pour lancer une partie entre deux activités. Il ne faut guère plus qu’un coin de table pour y jouer, et il s’explique tellement vite que vous trouverez toujours quelques joueurs à rassembler pour lancer une partie. Deux bons points pour lui.

Si vos Juniors sont friands de jeux comme Hannabi, nul doute que Color Flush saura les séduire. Mais s’ils ne sont pas des habitués du genre, un accompagnement par des adultes sera nécessaire, du moins le temps qu’ils assimilent les grands principes stratégiques du jeu. Sans cela, ils risquent de n’y voir qu’un mix entre un jeu du pouilleux et un jeu des 7 familles. Ce serait bien dommage d’ailleurs, tant la saveur de Color Flush se révèle lorsqu’on apprend à décrypter le jeu de son adversaire. Sans être révolutionnaire non plus, chez nous, Color Flush a su se frayer un petit chemin dans la case « jeux d’ambiance » de notre Kallax, car Junior l’apprécie énormément. Il aime le côté « on ouvre, on joue » sans avoir besoin de revenir à la règle et voit le jeu comme une petite parenthèse ludique au milieu de nos après-midi jeux où s’enchaînent les plus gros jeux.

On aime :

  • La simplicité des règles
  • Le format de boîte hyper transportable
  • La durée des parties qui permet de les enchaîner

On aime moins :

  • Les cartes qui ne tiennent pas bien en main
  • Le brainstorming au moment de passer une carte à un adversaire pour ne rien dévoiler

Où le trouver ?

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