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Test – Connecto

Dans le monde du jeu, il y a, de temps à autres, des rendez-vous manqués. Des jeux qu’on aperçoit au travers de quelques photos sur les réseaux sociaux, qui nous typent à fond les ballons, et qui, une fois joués « pour de vrai », nous laissent un peu sur notre faim. Parfois, c’est une histoire de contexte : pas les bons joueurs, pas le bon moment. Des fois, c’est une promesse non tenue, du plaisir immédiat qu’on ne ressent pas lors de notre partie. D’autres fois encore, ce sont des mécaniques qui ne matchent pas si bien entre elles alors que, prises individuellement, elles cartonnent. Et quelquefois (souvent, même) on ne se l’explique pas. Tous les ingrédients sont là pour passer un chouette moment en famille… Mais la mayonnaise ne prend pas. 

C’est un peu ce que nous avions vécu avec le jeu Imagicien, découvert au Festival des Jeux de Cannes en 2020. Hyper emballés par l’univers et la mécanique de jeu, nous nous étions empressés d’aller le tester sur le stand de Blam! Quelques parties plus tard le constat était sans appel… Plateaux peu lisibles, stress du sablier, difficulté à se concentrer avec le bruit environnant, nous étions finalement repartis un peu déçus, en se disant que, non, ce jeu n’était pas fait pour nous. Et vu que Junior était encore un Moyen-Marmot à l’époque, on s’est dit qu’on verrait plus tard… Peut-être.

La vie est parfois bien faite car le FIJ 2023 arrive, et je me retrouve en rendez-vous avec David de chez Blam pour parler de leurs futurs jeux Junior. Et voilà qu’il me parle d’un jeu, Connecto, qui est, en réalité, une rethématisation d’un de leurs anciens titres, sorti quelques années plus tôt. Un design plus épuré, de nouveaux modes de jeux, un nombre de joueurs élargi, un thème moins marqué…, Connecto est, en réalité, Imagicien version 2.0 ! Junior ayant grandi, nos goûts ludiques s’étant affinés, l’occasion était trop belle : je me suis dit qu’il était grand temps de replonger dans la boîte et de voir si, cette fois-ci, l’expérience ludique serait différente…

Olivier Mahy |   Blam !
 1 à 10 joueurs |  ans et plus |  20 minutes

En bref, Connecto, c’est quoi ?

Connecto est un jeu d’ambiance dans lequel observation et rapidité seront les maîtres-mots ! À chaque nouveau défi, une série d’icônes est révélée. À vous de les relier le plus rapidement possible afin de former un dessin et inscrire le nom de l’objet mystère associé sur votre fiche de jeu. Mais gare à ne pas confondre vitesse et précipitation : si vous vous trompez de réponse, vous risquez de perdre de précieux points ce qui donnera l’opportunité à vos adversaires de vous coiffer au poteau !

On soulève le couvercle ?

Dans la boîte de Connecto, on retrouve tout le matériel nécessaire pour griffonner de 1 à 10 joueurs : 1 sablier, 96 cartes défi et 5 feuillets-joueurs effaçables, accompagnés de leurs feutres « velleda ». Les cartes défis sont recto verso, ce qui laisse augurer une bonne rejouabilité puisqu’on utilisera uniquement 4 cartes par session de jeu, pour un total de 8 dessins par partie. 

Le matériel est de bonne qualité et, à la maison, on a beaucoup apprécié le côté effaçable, car on n’a pas une tonne de papier qui finira à la poubelle une fois la partie terminée. Mon Junior écolo a d’ailleurs salué l’initiative, premier bon point pour le jeu. Bon, si vraiment on voulait pinailler un peu, les feuillets-joueurs ont parfois tendance à mal supporter les multiples nettoyages. Il faudra donc, de temps en temps, penser à les nettoyer avec un linge humide ou un peu d’alcool isopropylique pour que les feuillets retrouvent leur blancheur d’autrefois . Rien d’insurmontable, ceci-dit, l’ensemble résistant très bien à l’épreuve du temps.

Un gameplay qui sent bon l’enfance …

Si vous aussi, vous avez été bercés aux magasines GH Loisirs, nul doute que Connecto aura comme un petit goût de madeleine de Proust. Aussi loin que je me souvienne, petite, tous les samedis matins, j’allais à la « Maison de la presse » avec mon papa pour m’acheter mon précieux magazine. Puis, à peine rentrée, je filais dans le jardin pour le dévorer en commençant toujours par les jeux de points à relier. C’était mon petit plaisir du week-end, un moment de détente absolu. Alors quand 25 ans après, on me propose de revivre ces sensations dans un jeu de société, de surcroît, avec mon Junior, forcément, on me vend du rêve en boîte ! 

Dans Connecto, on va aussi relier des trucs et des bidules, mais sur une feuille de jeu composée d’une grille de 106 éléments. Au top départ de la manche, on révèle une carte qui présente des icônes réparties sur un ou plusieurs chemins. Chaque joueur en prend rapidement connaissance puis essaie de repérer les icônes sur sa feuille de jeu afin de les relier dans l’ordre d’apparition sur le chemin. Ainsi, chaque trait entre deux icônes fera apparaître, petit à petit, le dessin-mystère recherché. Une fois deviné, vous écrivez simplement votre réponse sur votre feuille avant de vous empresser de crier  » Finiiiiiiiiiiiiii ».

Si vous avez vu juste, vous gagnerez 2 étoiles en fin de manche (elles représentent les points de victoire) contre 1 seule pour tous les autres joueurs qui auraient deviné après vous.

Connecto se veut très simple à assimiler, et il ne vous faudra pas plus d’une dizaine de minutes pour bien comprendre les grands concepts du jeu. Un tutoriel est d’ailleurs inclus pour vous permettre d’apprendre les règles tout en les pratiquant. Ce tutoriel se décompose en plusieurs séries de cartes qui introduisent, chacune, de nouveaux chemins et de nouvelles façons de tracer. C’est super bien fichu, car la difficulté est progressive et cela vous permet d’adapter la typologie de partie aux Juniors qui seront attablés avec vous, voire même, de faire participer vos grands Marmots qui auraient envie, eux aussi, de tracer de jolis dessins.

À l’instar du tutoriel, les cartes se divisent en 3 niveaux de difficulté ; cela permet de faire des parties sur-mesure, de celles qui ne risquent pas de trop désavantager nos Juniors, même si, soyons honnête, leurs yeux tout neufs seront un atout indéniable face à nos vieux yeux de parents épuisés. Ce côté modulable est hyper agréable, car cela permet d’adapter le jeu au niveau des Juniors. Zéro stress lié à la peur d’échouer à  cause d’un niveau trop élevé, on adore !

… mais qui n’est pas si enfantin que ça !

Alors, pour autant, n’oublions pas qu’on est quand même dans un jeu de rapidité. Et l’une des règles à connaître c’est que vous n’êtes jamais obligés d’avoir relié TOUS les symboles pour tenter d’inscrire votre réponse. En réalité, dès qu’un joueur a proposé une première réponse, le sablier entre en jeu. On le retourne et tous les autres joueurs n’ont alors plus que 30 secondes pour tracer un maximum de traits et écrire, eux aussi, une proposition.

30 secondes, c’est court… Alors, ça aura le don de mettre un coup de pression à vos adversaires. Et surtout à vos Juniors pour qui ce sera quitte ou double. Soit ils seront insensibles à la pression et ils continueront de tracer en restant ultra concentrés, soit, submergés par un vent de panique lié au timer, ils pourraient bien se mettre à faire n’importe quoi et tracer n’importe comment. Sans compter qu’il ne sera pas toujours facile de se repérer dans les 106 symboles de la feuille de jeu puisque bon nombre d’entre eux se ressemblent énormément. Certains même ne se différencient que par un microdétail, une couleur de drapeau ou des chiffres différents sur une des faces du dé. On peut vite s’y perdre si on se disperse et si on ne prend pas le temps de bien observer. Connecto, c’est un peu « Où est Charlie ? » qui aurait rencontré Vin Diesel dans Fast and Furious.

Alors, évidemment, au fil des parties, nos Juniors finissent par connaître la grille, ils cherchent moins et savent par quels symboles il vaut mieux commencer. Finalement, eux, pour qui les débuts étaient parfois difficiles, se mettent à masteriser le jeu. Et voilà que c’est nous, pauvres parents, qui ramons désormais à contre-courant pour ne pas nous faire mener au score. Oui, sous ses airs de jeu facile, Connecto n’en est rien, et ce, tant pour les parents que pour les Juniors. C’est un jeu qui demande rigueur et concentration, un jeu intense et riche en sensations où rester focus sera le maître-mot pour finir vite son dessin et s’assurer un peu d’avance pour les manches suivantes.  Mais, si finir premier confère un joli avantage, pour autant, êtes-vous sûr de votre coup ?

Un conseil : ne vous précipitez pas trop, car si votre réponse est erronée, le couperet tombera…  Et votre score se verra amputé de deux précieuses petites étoiles. La lose !

Et si on corsait un peu l’affaire ?

Vous étiez content d’avoir fini premier ? Ne vous réjouissez pas trop vite et prenez donc un handicap ! En effet, le joueur ayant gagné la manche précédente doit jouer sur le verso de sa feuille de jeu pour la manche suivante. Et figurez-vous que le dos de la feuille présente les mêmes icônes… mais en Noir & Blanc ! C’est hyper perturbant, car ça remet en question tous les repères visuels qu’on avait pu mettre en place sur le recto. Fini le petit drapeau rouge qu’on avait repéré, maintenant c’est surtout sa place sur le château qu’il faut regarder.

À la maison, Junior, ça l’a mis grandement en difficulté les premiers temps, et il n’était pas rare qu’il ralentisse le rythme pour ne pas finir premier et ainsi limiter le risque de se récupérer ce handicap. Autant vous dire que je me retrouvais systématiquement avec le côté monochrome dès la seconde manche, ce qui me compliquait sacrément la tâche. Mais, pour le coup, sa stratégie était payante, car les scores étaient toujours très serrés à la fin de la partie.

Lorsque vos Juniors sont bien à l’aise avec les premiers niveaux, le jeu propose une jolie courbe de progression. En effet, deux autres types de tracés sont introduits au fil du jeu : les cartes de niveau « intermédiaire » introduisent des symboles isolés qui devront être entourés, indépendamment des icônes présentes sur le chemin dessiné ; et les cartes de niveau « expert », quant à elles, augmentent encore la difficulté d’un cran, car elles ajoutent la nécessité de relier les icônes via un arc de cercle si une étoile filante est dessinée entre les deux symboles sur le chemin.

Si ces nouveaux types de tracés permettent de varier les dessins à réaliser (on peut désormais trouver des yeux, des voitures, des montres, etc.), ils mettent surtout notre cerveau à rude épreuve. Et il ne sera pas rare de voir les manches se rallonger sur les derniers niveaux, tant on aura du mal à discerner ce qu’on est en train de dessiner. Bizarrement, les Juniors, eux, s’en sortent plutôt bien, car ils capitalisent sur le temps que nous prend, nous, parents, l’analyse des cartes. Et comme les dessins sont plus détaillés et moins « linéaires », nombreuses sont les fois où ils performeront davantage en mode « expert », en trouvant le dessin avant la fin du tracé, alors qu’ils pataugeaient carrément en mode « facile ».

Une multitude de sensations ludiques

Connecto a su nous convaincre, Junior et moi, mais pas que, car, depuis, on l’a fait découvrir aux copains, à la famille et même à nos copains de l’association de jeux. Et partout où on le sort, l’ambiance est au rendez-vous. Alors si vous avez bien suivi le début de ce test, vous vous demandez sûrement d’où vient ce revirement de situation, moi qui avait été si hermétique à Imagicien, découvert à Cannes.

En réalité, si le principe est resté strictement identique, le jeu a été retravaillé, notamment au niveau du design. Ainsi, finies les feuilles de jeux au fond surchargé, désormais, elles sont sur fond blanc ce qui les rend beaucoup plus lisibles qu’à l’époque. Ça peut vous paraître anecdotique, mais, en réalité, le confort de jeu s’en trouve augmenté, les yeux sont moins parasités par les éléments du décor et on repère bien plus facilement les différents éléments. Pour les Juniors, même topo, on sent qu’ils doivent fournir beaucoup moins d’efforts pour se concentrer sur les différentes icônes. Cela enlève une grosse part de difficulté pour eux et ça rend le jeu bien plus fluide et moins « oppressant », surtout quand le timer se déclenche.

Outre ce remaniement graphique, Connecto propose désormais 4 modes de jeux distincts :

  • Un mode « solo » (particulièrement apprécié par mon Junior) qui manquait cruellement à Imagicien.
  • Un mode « coopératif » : toutes les 30 secondes, les feuilles joueurs changent de propriétaire. À la fin du temps imparti, les feuilles sont mises en commun et tout le monde coopère pour deviner le dessin-mystère.
  • Un mode « en équipe » où les joueurs s’affrontent en équipe de 2, l’un dessinant et l’autre indiquant à son coéquipier les motifs à relier, sans avoir le droit de les lui montrer du doigt.

Le mode « en équipe » a été particulièrement apprécié autour de nous, car il donne la sensation de découvrir un tout nouveau jeu où la communication est primordiale. Impossible de remporter la partie si on ne se coordonne pas correctement avec le copain. Et je vous assure que quand vous avez 10 Juniors autour de la table qui essaient, tant bien que mal, de communiquer avec leurs partenaires de jeu respectifs, tout en ne tenant pas compte des infos données par le copain juste à côté à son propre coéquipier, ça crée un joyeux bordel désorganisé. Et c’est très très drôle ! Certains râlent, d’autres crient de joie, certains essaient de se faire comprendre en vain,  en utilisant même les mains, voir même en mimant les éléments (si si je vous jure !). C’est fun, c’est vivant et le mot « jeu d’ambiance » prend alors tout son sens ! On se régale, on passe un chouette moment en famille ou entre amis et on est bien content, finalement, d’avoir retenté l’expérience, « juste pour voir ».

L’avis de Plateau Junior (Emy)

Je vous disais en début de test que parfois, avec les jeux, c’est une question de timing. Mauvais adversaires ? Junior trop jeune ? Ou tout bêtement, mauvais endroit et mauvais moment ? On ne se l’explique pas toujours, mais, des fois, ça ne passe pas. Et souvent, quelque temps plus tard, on y revient, et déjà nos impressions ont évolué. Un tout petit détail peut changer la donne.

Et c’est exactement ce qu’il s’est passé avec Connecto. Il aura finalement suffi de quelques ajouts et de deux nouveaux modes de jeux pour transformer l’essai et nous faire passer un chouette moment ludique. Évidemment, le mode compétitif reste le cœur du jeu, et ce ne sera clairement pas le mode le plus facile à appréhender pour les Juniors. Pas mal de pression, certes, avec l’ombre du sablier qui plane au-dessus de nos têtes, mais des parties qui tendent à s’équilibrer, au fur et à mesure qu’on progresse dans les niveaux. Il faudra laisser à vos Juniors le temps de bien appréhender la grille pour ne pas risquer de les frustrer ou de voir un « Panic Mode » poindre le bout de son nez parce qu’ils auraient perdu leurs moyens.

On a particulièrement apprécié les modes de jeux alternatifs, notamment le mode « coopératif » qui permet d’intégrer à nos parties les Marmots dès 6-7 ans. Un bon moyen de jouer avec le petit frère ou la petite sœur de Junior, en mode détente, tous ensemble. Ce mode de jeu fait définitivement basculer Connecto du côté du jeu familial en le rendant bien moins punitif, et en gommant la frustration liée à la peur de l’échec. C’est drôlement chouette !

Finalement, Connecto est un véritable caméléon,  capable de s’adapter à toutes les situations. Vous souhaitez défier Junior ? Jouez au mode « classique ». Vous avez envie de mettre une bonne dose de fun ? Dégainez le mode « en équipe ». Vous avez besoin d’occuper Junior pendant que vous êtes en réunion ? Le mode solo sera parfait. En variant les plaisirs, Connecto gomme tous les défauts de son grand frère, Imagicien, et devient résolument accessible à tous nos Juniors. Un vrai bon jeu d’ambiance familial que je vous conseille d’essayer, juste pour le plaisir de retomber en enfance l’espace d’une partie.

Les Juniors le disent mieux que nous :

Je trouve ça super marrant Connecto. Il faut se dépêcher, mais pas trop sinon la manche d’après, c’est la galère. J’aime beaucoup y jouer en duo avec maman.

Maël, 10 ans et demi

Vos Juniors aimeront si :

  • Ils aiment les jeux de numéros à relier
  • Ils aiment les jeux d’ambiance
  • Ils sont rapides et ont une bonne mémoire visuelle

Vos Juniors risquent de moins aimer si :

  • Ils ne supportent pas les jeux avec un timer
  • Ils gèrent mal la pression de devoir se dépêcher
  • La discrimination visuelle leur pose quelques soucis

Où le trouver ?

  • Chez votre ludicaire préféré
  • Chez Ludum

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