Test – Ringmaster
Il était là, immobile, observant les artistes qui ajoutaient les dernières touches de paillettes à leur maquillage. L’heure était grave, il le savait… La soirée allait être déterminante pour l’avenir de sa troupe. Les cliquetis des clés à molette se mêlaient, au loin, aux rires nerveux des saltimbanques. Les gradins se déployaient sur les bords de la piste. Peu à peu, le chapiteau prenait vie sous ses yeux. Perdu dans ses pensées, il n’avait même pas entendu Jasmine, la trapéziste, s’approcher de lui. Il sursauta légèrement lorsque sa main se posa sur son épaule, elle qui avait toujours su apaiser ses craintes. Mais il n’en montra rien.
« Tu penses que ça va aller ? Les gens ont l’air de se bousculer aux portes, c’est plutôt bon signe »
Plongé dans ses pensées, il ne répondit pas. S’imprégnant de chaque sensation, de chaque bruit, se demandant si ce spectacle était le dernier qu’il offrirait au public… Il se sentait comme un artiste qui s’apprête à tirer sa révérence.
Il n’avait pas toujours été aussi nerveux : sa troupe était incontestablement la meilleure de la région. Mais, depuis que le Maire lui avait fait part de son projet, tout était devenu différent. Désormais, il devait composer avec la concurrence et n’avait plus le monopole dans la ville. Planté au milieu de sa piste, il assistait, impuissant, à un spectacle qui ne le mettait guère en joie : les derniers ajustements du chapiteau d’à côté, qui avait pris place à à peine quelques mètres du sien.
Mais, plus le temps de s’apitoyer sur son sort, l’heure du spectacle approchait à grand pas…
Serrant dans son poing l’affichette du « Cirque Ratus » et son « incroyable singe à trois têtes », il décida qu’il était temps d’agir. Alors, vissant son haut de forme sur sa tête et arborant un sourire narquois, il s’avança vers l’ouverture de la tente, bien décidé à faire comprendre à son voisin qu’il n’y avait guère de place pour deux !
Le spectacle RingMaster, imaginé par Justin Gary et mis en scène par Rod Mendez, vous est présenté par Iello. Juniors de 10 ans et plus, prenez place et savourez la séance pendant les 15 prochaines minutes !
Prenez place, je vais vous pitcher le jeu…
Amoureux de Love Letter, ne vous laissez pas berner par cet écrin de velours. Ici, point de princesse et de missive enflammée à délivrer : dans Ringmaster, on construit un cirque. Mais pas que… Directeur artistique, Maître de cérémonie, Gestionnaire des Ressources Humaines, voilà les multiples casquettes que vous revêtirez tout au long de la partie. Cependant, par dessus tout, vous devrez être malin, calculateur et un tant soit peu bluffeur pour espérer monter votre chapiteau avant vos voisins et pouvoir assurer le spectacle.
A l’aide de cartes, au format tarot, que vous disposerez devant vous (ou pas, nous y reviendrons), construisez le show idéal, celui qui mettra des étoiles dans les yeux des spectateurs venus, nombreux, contempler votre victoire… Ou la fin d’une carrière prometteuse si vous laissez vos concurrents anéantir votre troupe.
Et Junior quitta la salle avant le début du spectacle…
À la maison, la découverte de Ringmaster a été quelque peu déroutante. Avec un Junior amoureux des jeux aux univers sombres, peuplés d’orcs et de gobelins, autant que des jeux aux univers enfantins pleins de lapins zombies trop choupinous, Ringmaster lui est apparu comme un véritable OVNI qui débarquait, tout à coup, dans son petit monde ludique.
Il faut dire que la direction artistique du jeu met tout de suite dans l’ambiance. Soyons clair : on aime ou on déteste. L’univers très marqué saute au yeux dès les précieuses cartes sorties de leur écrin. Pour ma part, les illustrations de Rod Mendez, délicieusement rétros, ont touché mon petit coeur de trentenaire de plein fouet. Soudain, j’avais à nouveau 5 ans et j’attendais devant le chapiteau du cirque Pinder, avec ma barbe à papa d’un côté et ma grand-mère de l’autre.
Mon Junior, lui, les affichettes sur la place du village et les après-midi avec les copains à regarder les chapiteaux se monter, ça ne lui parlait pas du tout. Et puis « Les cirques, maman, c’est naze, ils sont pas gentils avec les animaux ». Alors quand j’ai sorti les 34 cartes du pochon, il y a jeté un coup d’oeil furtif, juste pour me faire plaisir, avant de décider que : « C’est un jeu pour les vieux, maman, pffffff ! » puis de retourner s’asseoir sur le canapé avec son journal de Mickey.
Voilà. Le couperet était tombé. En trente secondes, j’étais devenue une « vieille » et le jeu, lui, se retrouvait condamné avant même d’avoir été essayé.
Arrête ton cirque, et viens jouer.
Alors, j’ai rusé, un peu. (Oui je vous avais prévenus, il faut être malin). J’ai commencé à éplucher les cartes, une à une en lançant, à voix haute, des « Ohhh il est sympa ce clown », « Ohhh comme elle est rigolote cette femme à barbe » avant de conclure par un « Oh ben ça alors, il y a même un ours en tutu ». Et bim. (la technique de l’ours en tutu est une arme redoutable !) J’ai vu un sourcil se lever, puis un second, et Junior a finalement posé son précieux magazine pour rallier la table en me disant : « Dis, tu me montres l’ours ? ».
Maman 1 – Junior 0.
Il ne restait plus qu’à lui expliquer les règles du jeu pour le convaincre de lancer une partie. Et l’avantage, avec Ringmaster, c’est qu’elles sont très simples à assimiler. À chaque tour de jeu, on dispose de deux actions : piocher une carte et poser une carte. La pioche est obligatoire, mais la pose elle, ne l’est jamais. Vous serez tout de même limités à 6 cartes maximum, en fin de tour. Ceci afin d’éviter que votre Junior ne se retrouve avec un catalogue de cartes en mains, et vous, devant une pioche désespérément vide pour refaire la vôtre.
Les cartes sont de quatre types :
- Les vertes sont des attractions. Des « Tentes de spectacle », des « Cirques à trois pistes » et un « Grand Chapiteau » ; en somme, tout le nécessaire pour bâtir une structure solide pour votre cirque.
- Les rouges, elles, représentent les spectacles, c’est à dire les curiosités qui vont rendre votre cirque un peu plus original que celui du voisin (Vous avez souvent vu des ours en tutu vous ? Je ne m’en suis toujours pas remise).
- Les bleues, ce sont les vedettes. Vous voyez les divas qui réclament du popcorn à la banane sous peine de ne pas monter sur scène ? Eh bien, la même. Ici se bousculeront Avaleurs de sabres, Hercule de foire et autres Bonimenteurs, de quoi rendre le spectacle inoubliable.
- Et enfin, les violettes. Alors elles, elles représentent les petits grains de sable qui menaceront le chapiteau de s’effondrer ou le spectacle de complètement foirer. Vous l’aurez compris, il s’agit de cartes événements qui vont venir perturber le cours du jeu.
Sachez que chaque carte, à l’exception de quelques attractions, est présente en un seul et unique exemplaire dans la pioche. Et ça c’est très important parce que ça signifie que si une carte se retrouve chez votre voisin, inutile d’espérer copier : vous ne l’aurez jamais ! Quoi que…
Arrête un peu de bouder, on a un chapiteau à monter.
Dans Ringmaster, il faut vous imaginer incarner une sorte de Monsieur Loyal, le personnage central de la troupe, celui qui doit veiller à ce que le spectacle se déroule correctement. Mais avant même de penser à la représentation, il est de votre devoir de vous assurer que le chapiteau tienne debout et que les artistes puissent proposer des numéros variés aux spectateurs.
Pour gagner le trophée du MDC (Meilleur Directeur de Cirque, NDLR) trois solutions s’offrent à vous, au choix :
- Réussir à bâtir un cirque composé de 5 Attractions dont, obligatoirement, un Grand Chapiteau.
- Réussir à mettre en scène 3 Spectacles sous une « Tente de Spectacle »
- Réussir à construire 3 Cirques à Trois Pistes dans votre Zone de jeu
« Plusieurs manières de gagner ? Chouette ! ça va être facile ! »
Eh bien, détrompez-vous. Là où on pourrait croire, sur le papier, qu’il suffit de piocher et poser les bonnes cartes au bon moment, dans la pratique, Ringmaster s’avère bien plus stratégique qu’il n’y paraît. Fatalement, vous n’aurez, bien souvent, pas le choix de la manière de gagner. Et tout ça, à cause des cartes.
La fourberie est un art, mon ami.
Si vous avez cru l’espace d’une seconde que vous alliez pouvoir faire vos petites affaires dans votre coin, j’ai une nouvelle pour vous : même pas la peine d’y penser.
Chacune des cartes bénéficie d’une capacité spéciale qui s’active dès lors que ladite carte est jouée. Alors, ne paniquez-pas, de nombreuses capacités sont plutôt sympas et vous permettent de jouer un nouveau tour, ou encore de récupérer des cartes défaussées pour les ajouter à votre zone de jeu. Mais, soyons honnêtes, la plupart des capacités vous permettent, surtout, de littéralement pourrir le cirque du voisin. Et à lui, de ruiner le vôtre, bien évidemment.
En effet, lorsqu’on joue une carte, ce n’est pas forcément dans sa propre zone de jeu. On peut décider, dans certains cas, de la jouer chez nos adversaires. Que diriez-vous d’obliger votre concurrent à se défausser d’une carte de sa zone de jeu à chaque fin de tour ? Il en pose une, il en vire une. Le coup pour rien. Ou alors, si vous pouviez aller faire vos courses dans son cirque, histoire de compléter le vôtre, ça ferait bien vos affaires, non ?!
Chacune de vos stratégies peut alors se retrouver balayée d’un revers de main par une seule petite carte jouée par l’un de vos adversaires. Le jeu exige, en réalité, une grande capacité d’adaptation de la part des joueurs. Il faut repenser sa manière d’avancer vers la victoire presque à chaque nouveau tour de jeu et changer son fusil d’épaule très régulièrement, pour ne pas dire tout le temps.
On est loin du petit jeu de collection tout mignon qu’on joue en buvant une tasse de thé. Dans Ringmaster, on est dans une arène et on se bat à grands coups de « Tu m’as fait ça ? Ah ouais ? Ben prends ça ! ». C’est nerveux à souhait et délicieusement addictif : tous les coups sont permis (et vivement encouragés).
Et Junior comprit enfin le sens profond de la vie du jeu
Soyons clairs, cet aspect « Take that » ne saute pas aux yeux à la lecture des règles et encore moins lors des premières parties de jeu. Les Juniors auront tendance à construire leur cirque dans leur coin sans même jeter un regard sur le vôtre.
Comprenez bien que cet aspect d’affrontement est celui qui fait tout le sel du jeu. Ringmaster est un savant mélange entre la construction et la destruction. Trouver cet équilibre, c’est s’assurer des parties tendues, épiques, hyper disputées. De ces batailles qui durent parfois des plombes et dont on est fiers d’avoir arraché la victoire au terme d’un combat acharné. Et n’ayons pas peur de le dire : sans cela, on s’ennuie ferme.
C’est donc là que vous, parents, devez jouer le rôle de votre vie : vous devez pousser les Juniors à casser votre cirque. Les inciter à venir à l’affrontement ne sera pas une mince affaire, ils n’aiment pas trop ça quand ils savent que, derrière, la vengeance sera terrible et que vous allez venir leur piquer leur précieux Ours à Tutu (Comment ça je fais une fixette sur l’ours ?!).
Alors au début, vous allez vous épuiser à planter deux-trois mauvaises graines dans le sol de leur cirque sans qu’il n’y ait une once de réponse de leur part. Ils continuent à construire tranquillement alors que vous vous acharnez à détruire. Et la victoire leur reviendra. L’équilibre, vous vous souvenez ? Mais vos efforts ne seront pas vains car cela permet de leur mettre sous le nez certaines cartes qu’ils utilisent peu, principalement parce qu’ils n’en saisissent pas l’effet.
C’est d’ailleurs ça qui est drôle dans Ringmaster : on ne saisit l’importance de certaines cartes, notamment les Vedettes, qu’après de nombreuses parties. La stratégie s’affine donc au fil du temps, autant pour les parents que pour les Juniors, et la courbe de progression est, de fait, plutôt sympathique. Et je vais vous confier un secret : ça fait du bien, parfois, d’avoir l’impression d’avancer au rythme de nos Juniors en jouant à un jeu. C’est là qu’on se rend compte qu’on a, quelque part, toujours 9 ans dans notre tête, nous aussi.
Construire un cirque, c’est à la portée de tous les enfants ?
L’âge, parlons en justement. De prime abord, on pourrait penser que Ringmaster est un jeu très accessible de par sa mécanique enfantine.
Alors, oui, un enfant de 7 ans pourrait comprendre le principe du jeu. Piocher une carte, en poser une de sa main et chercher à aligner devant soi 3 ou 5 cartes pour remporter la partie, c’est un concept qu’ils ont déjà rencontré dans de nombreux autres titres. La seule barrière, ici, serait celle de la lecture – les cartes ayant toutes du texte à lire pour être jouées – et encore que… Les enfants ont cette faculté à associer les pouvoir aux cartes, une fois qu’on le leur explique. Vous savez, la mémoire qui nous fait défaut à nous, adultes…
Pour autant, je déconseille fortement de jouer à Ringmaster avec des Marmots. En ce sens, l’âge annoncé par l’éditeur me semble très cohérent : Ringmaster est un vrai jeu Junior, jouable par des 8 ans, mais qui sera parfait à partir de 9-10 ans, pas avant. C’est un véritable jeu de stratégie qui se dissimule sous ses apparences de petit jeu de construction facile à appréhender. La gestion de la frustration n’étant pas toujours totalement acquise à 7-8 ans, c’est là que va se situer la plus grosse barrière pour les Marmots.
Je vous en parlais plus haut, Ringmaster est un savant mélange entre la construction de tableau et le Take That nécessaire pour pouvoir, en réalité, construire en paix. Si vous détruisez le cirque de l’autre, il va être bien trop occupé à bâtir de nouvelles fondations et il ne viendra pas vous embêter alors même que vous poserez la touche finale sur votre chapiteau. Logique.
Attention, la construction elle-même n’est pas facile : réussir à combiner les bonnes cartes au bon moment, ça oblige à bien suivre l’état d’avancement de la pioche et à jouer un peu avec les probas. Rappelons que les cartes sont majoritairement présentes en un seul exemplaire. Alors, si presque toutes les cartes « Attractions » ont été défaussées, il vaudra mieux jouer les « Spectacles ». Et inversement. Il faut donc adapter sa stratégie à chaque instant, ce qui n’est déjà pas facile en temps normal pour les Juniors les plus jeunes. Alors si, en plus, on vient leur piquer leurs précieuses cartes, imaginez la cata. Vous risquez de subir deux-trois crises de larmes autour de la table.
A 9-10 ans c’est différent. On encaisse mieux les petits croche-pattes et il est plus facile de prendre un peu de recul pour se poser, malgré l’affront, et réfléchir à la riposte. Clairement, Ringmaster est un jeu qui n’est pas taillé pour de longues parties : c’est une course contre la montre. On n’est jamais à l’abri d’une carte super forte qui viendrait tout chambouler. Alors il faut se dépêcher et saisir la moindre occasion de gagner. L’analyse rapide des différentes options qui s’offre à nous, l’anticipation des coups que va jouer l’adversaire, le bluff pour tromper l’ennemi, voilà toutes les capacités à mettre en oeuvre en à peine 15 minutes pour espérer l’emporter.
L’avis de Plateau Junior! (Emy)
Avant d’être rédactrice de tests, je suis avant tout ludiste. J’avais Ringmaster dans le viseur dès l’annonce de sa sortie par Iello, persuadée qu’il ferait un carton à la maison. Junior, vous l’aurez compris, a été un peu plus difficile à convaincre, l’univers n’étant pas celui qu’il affectionne le plus. Mais je pense qu’avec le recul de nos whatmille parties, si vous lui posiez la question aujourd’hui, il vous confierait, à demi-mots, qu’il est bien content d’avoir fait confiance à sa vieille mère. Pas un jour ne passe sans que nous en fassions une partie.
Maman 2 – Junior 0 !
Entendons-nous bien, je suis intimement persuadée que Ringmaster n’a pas été pensé, initialement, pour s’adresser à un public Junior. Je l’imagine parfait pour des parties endiablées à l’apéro, entre amis. Mais, sur ce coup-là, mon flair ne m’a pas trompée : il est parfait pour nos Juniors de 9 ans et plus. Et qu’est ce qu’ils s’éclatent en y jouant !
Ringmaster est un jeu qui fonctionne aussi bien à 2 qu’à 4 joueurs (bien que les parties soient plus longues à 2, c’est dans cette configuration qu’on le préfère), en famille ou entre Juniors, la présence d’un adulte n’étant pas requise pour superviser les parties. Petit bonus : il pourra être emmené partout grâce à son format rikiki, vous n’aurez pas besoin de plus qu’un coin de table pour y jouer.
Un jeu rapide, simple à comprendre mais proposant une jolie marge de progression dans la stratégie. Au final, tous les ingrédients sont réunis pour le rendre incontournable dans la catégorie des « jeux rapides » auxquels on joue sans modération. Parfait pour lancer une petite partie lorsque les copains viennent passer le mercredi après-midi à la maison, il se jouera aussi vite qu’il est expliqué, même pour les Juniors peu habitués à l’univers des jeux de société.
Définitivement, Ringmaster est un jeu qui ne paie pas de mine, de prime abord, mais qui gagne véritablement à être connu. Ne serait-ce que parce qu’il vous permettra de jouer d’égal à égal avec vos Juniors, qui se révèlent bien plus fourbes qu’ils ne le laissent paraître avec leurs bouilles d’anges.
Un jeu délicieusement addictif qui saura, j’en suis sûre, trouver une place de choix, dans vos ludothèques. En tout cas, je ne peux que vous le recommander.
On aime :
- L’univers et la direction artistique
- Les parties courtes
- La marge de progression pour nos Juniors (et pour nous) au fil des parties
- Les règles simples qui cachent une belle dimensions stratégique
On aime moins :
- Ben rien en fait
Vos Juniors aimeront si :
- Ils aiment les jeux de cartes
- Ils aiment les jeux d’affrontement et le « Take That »
- Ils aiment les jeux où il faut adapter sa stratégie au fil de la partie
Vos Juniors aimeront moins si :
- Ils ne savent pas gérer la frustration
- Ils n’aiment pas l’interaction
Où le trouver ?
La fiche du jeu :
- Un jeu de Justin gary
- Illustré par Rod Mendez
- Edité par Iello
- Pour 2 à 4 Juniors
- De 10 ans et plus
- Pour des parties d’environ 15 minutes
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