Test – Dragon Parks
Quand nos Marmots deviennent des Juniors, c’est aussi la perspective, pour nous, parents, de les faire goûter à ce qui nous faisait vibrer quand nous étions enfants. Que ce soit les activités sportives, les jeux de société, la musique mais aussi les films, on aime se replonger avec eux dans nos jeunes années. Mon Junior à moi, il a découvert il y a peu Jurassic Park, LE film qui m’a fait frissonner lorsque j’étais pré ado. Vous vous souvenez, le gros tyrannosaure qui collait son oeil sur la vitre passager ? Brrrrr j’en tremble encore ! Bon, avec l’âge le recul, aujourd’hui, je trouve les effets spéciaux d’un kitsch monumental mais, à l’époque, c’était quand même assez impressionnant.
Evidemment, après avoir vu le film, j’ai eu droit aux sempiternelles questions : « Maman les dinosaures ils pourraient revenir ? » « Maman, est ce que c’est possible de travailler dans un parc et d’élever des dinosaures ? » avant la fatidique conclusion : « Maman, moi je veux diriger un Dino Park ! ». Alors je lui ai expliqué tant bien que mal que ce n’était pas possible, et qu’on ne pouvait absolument pas créer un tel parc. Quelle déception pour lui !
Sauf que, le même jour, (hasard de la poste ou signe de l’univers pour me tirer de cette discussion interminable), j’ai reçu Dragon Parks, un jeu de collection et de majorité signé Ankama. L’occasion était trop belle : « Dis donc chéri, à la place d’élever des dinosaures, tu voudrais pas plutôt créer un parc de Dragons ? ». Et Bim ! Me voilà réhabilitée en tant que MMM : Meilleure Maman du Monde !
Dragon Parks est un jeu de Nicolas Sato, illustré par Ayumi Kakei et édité par Ankama. Il propose à 2 à 5 Juniors de 8 ans et plus d’apprendre à gérer un parc de dragons en 15 minutes Top Chrono. Trois, Deux, Un… C’est parti !
Des matériaux pour bâtir un parc ex-dragor-dinaire
Dragon Parks est le dernier né de chez Ankama, dans sa gamme Junior. Et, comme d’habitude, on comprend, au premier regard que le jeu a été pensé pour plaire à ces derniers. Un design très coloré, un gros dragon trop mignon, un univers fantastique : tout est fait pour qu’ils plongent à pieds joints dans l’aventure de la construction de leur parc hors-norme.
Dans la boite du jeu, au format somme toute assez compact, on retrouve une quantité de matériel assez conséquente : un plateau de jeu commun appelé « mode » (on cherche encore pourquoi), des tuiles « île », sous forme de cartes, qui sont la base de votre parc et plein de petits jetons en carton représentant des dragons légendaires, le marqueur de saison, mais surtout (car c’est là le but de la manoeuvre) les futurs visiteurs qu’il faudra attirer tant bien que mal dans votre parc. Jusque là, des éléments assez classiques.
Mais, à mission extraodinaire, matériel audacieux n’est ce pas ? Et il y a fort à parier que nos Juniors vont lâcher des « Ohhhhh » et des « Waouhhhh » en découvrant les cartes transparentes sur lesquelles sont dessinés les précieux dragons qu’il va falloir élever. Elles sont au nombre de 60 et, si elles rempliront d’étoiles les yeux de vos enfants, elles mettront également vos nerfs à rude épreuve… Chacune d’elle est recouverte d’une pellicule en plastique pour protéger les cartes des rayures. Vous savez, comme celles qu’on a sur nos smartphones tous neufs quand on ouvre la boite la première fois.
Sauf que là, elle colle super bien la pellicule. Tellement bien que, si vous n’avez pas d’ongles, bonjour le casse-tête. Alors, attention, vous n’êtes absolument pas obligés de l’enlever ; ça ne gêne en rien le jeu. Mais, d’expérience, après quelques parties, elle finit par se décoller sur les bords, rouler sur elle-même et vous devrez, un jour ou l’autre vous y coller. Alors, soufflez un bon coup, mettez une bonne série à la télé et c’est parti ^^
On checke les derniers éléments avant l’ouverture au public.
Dragon parks est un jeu de collection un peu particulier puisqu’il n’est pas question de se constituer la plus grande famille de dragons pour gagner la partie. Au contraire, ici, il va falloir sans cesse moduler ses collections et les équilibrer du mieux possible pour attirer un maximum de visiteurs à chaque saison. Le jeu se déroule en 3 manches, correspondant à 3 saisons touristiques qui auront chacune des conditions de scoring particulières. Impossible donc de se cantonner à une stratégie précise, le mot d’ordre sera A-DAP-TA-BI-LI-TÉ.
La mise en place du jeu est très simple, et ne prendra que quelques minutes. Distribuez 3 tuiles « îles » ainsi que 4 cartes transparentes et 5 jetons « visiteurs » à chaque joueur. Notez que les îles sont recto verso et que chaque joueur peut choisir la face sur laquelle il souhaite les positionner.
Ensuite, installez les visiteurs, en tas, au centre de la table, et les jetons restants sur le plateau central. Ce dernier est d’ailleurs pourvu d’une iconographie plutôt claire qui est très utile à deux niveaux : d’une part, elle permet de simplifier l’installation des éléments de jeu mais elle rappelle surtout les grandes étapes de décompte inhérentes à chaque saison.
C’est très appréciable car, nous le verrons, si le gameplay est vraiment très simple, la phase de scoring, elle, est jonchée de multiples étapes à réaliser dans un certain ordre et il n’est pas toujours évident de se souvenir de chacune d’elles.
Passe le dragon à ton voisin
Dragon Parks est avant tout un jeu de draft. J’entends par là que, même si faire une collection reste la finalité du jeu et qu’elle va être déterminante pour le scoring de chaque manche, pour autant, la phase de draft est celle qui va déterminer tout le déroulement du jeu et bien souvent l’issue finale.
Le draft, pour rappel, est une mécanique de jeu qui consiste à avoir des éléments personnels (cartes, tuiles, jetons), d’en choisir un puis de passer le restant à son voisin (souvent celui de gauche). Vous récupérez ensuite les éléments non choisis par votre voisin (de droite) et faites de nouveau un choix avant de passer le restant à votre voisin (de gauche). Et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les éléments de jeux soient distribués.
Dans Dragon Parks, ce sont les cartes transparentes que nous allons drafter. Pour schématiser, on choisit une des 4 cartes, on la pose face cachée en attendant que tout le monde ait fait son choix. Puis, on la révèle et on la place sur une de nos trois îles. On récupère les 3 cartes transparentes non choisies par le voisin et on réitère l’opération, 3 fois en tout (on ne place que 3 cartes par manche), la dernière carte étant défaussée.
Attention, le draft n’est pas une mécanique facile à assimiler pour nos Juniors. Elle sous-entend d’avoir une vision un peu lointaine et de ne pas être uniquement dans une logique de conséquence immédiate.
De manière générale, lorsqu’on joue avec tous les éléments sous les yeux (comprendre : sans éléments aléatoires comme des cartes en main ou une pioche d’événements), on peut prévoir nos actions directes en toute connaissance de cause et jauger leur incidence directe sur la manche en cours. On peut même les combiner entre elles pour obtenir un résultat global satisfaisant. Avec le draft, il faut avoir cette même démarche. Sauf que nos Juniors doivent spéculer sur ce qu’ils pourraient récupérer de leurs voisins. Et c’est là que ça devient difficile, car il faut imaginer plusieurs schémas possibles de façon à ne jamais se retrouver le bec dans l’eau.
Si vous avez bien suivi, vous voyez déjà que, fonction du nombre de joueurs, cette première phase n’aura pas la même saveur. Si vous jouez à 2 joueurs, les cartes que vous aviez initialement en main vous reviendront pour le choix de votre dernière carte. À 3, 4 et 5 joueurs, vous n’en reverrez pas la couleur. C’est donc très différent. Le jeu est, de fait, plus facile pour nos Juniors dans une configuration à 2 ; ils peuvent déjà imaginer comment combiner leurs 4 cartes puisqu’ils sont sûrs d’en récupérer au moins la moitié. C’est beaucoup plus concret pour eux car ils se souviennent très facilement de ce qu’ils ont donné au voisin.
Éleveur de dragons, un métier d’avenir ?
Je vous l’avais déjà évoqué un peu plus haut, mais devenir éleveur de dragons, c’est pas évident. Croyez-moi, en lisant la règle du jeu, vous allez avoir l’impression de passer votre doctorat en médecine tant il y a d’étapes à réaliser lors de chaque manche. Je vais éviter de vous les lister en détail car je pense que vous m’abandonneriez avant la fin du paragraphe. Retenez simplement que c’est finalement bien plus simple à jouer qu’à lire, et que si vous suivez les aides de jeu fournies par l’éditeur, les premiers décomptes n’en seront que plus faciles. Ils deviendront ensuite mécaniques, laissant ainsi la part belle aux sensations de jeu.
De manière très schématique, chaque manche se joue en trois phases : la fameuse phase de draft et celle de placement (qui sont simultanées) suivies d’une phase de scoring en 6 étapes.
Lors de la première partie de la manche, on choisit donc les cartes transparentes que l’on va placer sur nos îles. Ces cartes représentent différents éléments : des dragons de couleur (jaune, bleu, vert, rouge et violet), des oeufs et des moutons.
Chaque élément sera important mais n’aura pas forcément le même degré d’importance d’une manche sur l’autre. C’est le cas pour les dragons de couleur : ils servent à générer des points de victoire (symbolisés par les pions visiteurs) mais selon la saison, certains dragons attireront davantage de touristes et donc génèreront d’autant plus de points. Les moutons représentent la nourriture préférée de vos bestioles à écailles et les oeufs, quant à eux, sont un peu comme les bébés pandas au zoo de Beauval : c’est vendeur ! Si vous réussissez à en faire éclore, la renommée de votre parc grimpe et les visiteurs affluent. C’est le jackpot.
Comme les cartes sont transparentes, on peut les superposer facilement, les nouveaux dessins recouvrant les anciens. Et d’ailleurs, rien ne vous empêche de superposer vos trois cartes de la manche sur la même île. C’est même parfois très utile pour ne pas recouvrir des éléments importants des cartes déjà en place sur vos autres îles. Dans tous les cas, seule les trois cartes posées en dernier sur vos îles, et donc au sommet des trois piles, seront comptabilisées à la fin de la manche.
Attirer les touristes… pour nourrir les dragons ?
Diriger un parc est un exercice périlleux : il faut équilibrer la faune en permanence. Et de ce point de vue, Dragon Parks permet à nos Juniors de bien rentrer dans la peau du personnage. Certains dragons scorent en fonction des saisons et d’autres de manière fixe tout au long du jeu : il faut en avoir plus que le voisin pour rafler les points.
Nos Juniors doivent donc bien choisir comment placer leurs cartes et surtout, toujours garder un oeil sur le parc de leurs concurrents. L’interaction est présente mais, pour autant, elle n’est jamais méchante ; on peut décider de piquer la carte utile pour les copains, mais attention à ce qu’elle ne nous handicape pas dans notre propre construction. Il ne faudrait pas se tirer une balle dans le pied tout de même.
Quoi qu’il en soit, Dragon Parks reste un jeu qui se joue principalement chacun dans son coin. On est bien plus happés par l’optimisation de notre propre parc que par ce qu’il se passe autour de nous. Et j’ai trouvé ça un peu dommage car ça rend le jeu un peu froid. Il aurait été sympa de pouvoir piquer quelques touristes chez les copains en proposant un numéro spécial de dragon tellement spectaculaire que tout le monde aurait accouru chez nous.
Mais rendons à César ce qui est à César : la toute dernière étape de la manche est plutôt fun. Il s’agit du nourrissage des dragons. Je vous explique : les dragons mangent des moutons, c’est bien connu. Et qu’est ce qu’il se passe quand vous avez moins de moutons que de dragons ? Ils vont se nourrir ailleurs pardi ! Quoi de plus succulent que des touristes bien dodus ? Chaque mouton manquant scellera le sort de l’un de vos visiteurs, qui sera dévoré sans préavis, vous faisant perdre, au passage, de précieux points de victoire.
Les Juniors, ça les fait beaucoup marrer. Et ils se moquent allègrement de vos pertes humaines, ponctuant chaque festin d’un petit rire sarcastique. Vous aurez beau être le meilleur éleveur de dragons, sans nourriture, vous ne valez pas grand chose dans le milieu. Les symboles moutons sont peu présents sur les cartes, il ne faut jamais les laisser passer. Les Juniors l’ont bien compris… Avec leur chance légendaire, ils récupèrent régulièrement les précieuses cartes et s’empressent de les placer dans leur parc. Pure stratégie (souvent gagnante) ou plaisir non dissimulé de voir nos dragons dévorer nos touristes ? Je vous laisse trancher la question !
Dans tous les cas, avec cet équilibrage gain/perte, les scores sont souvent serrés en fin de partie. Et vu qu’en 15 minutes top chrono, la partie est pliée, on a tout de suite envie d’en démarrer une nouvelle, juste pour voir si, cette fois, les dieux des dragons seront avec nous.
L’avis de Plateau Junior!
Dragon Parks a été une jolie découverte qui a permis d’initier mon Huit’ans à la mécanique du Draft, utilisée dans de nombreux jeux Juniors. Le thème accrocheur et les illustrations toutes mignonnes ont su le conquérir, les parties se sont donc succédées à la maison nous permettant d’explorer nos îles en profondeur.
Dragon Parks est un jeu de collection malin puisque nous ne sommes pas dans la course à la plus grande collection. Ici, c’est l’optimisation de notre collection pour la rendre la plus rentable possible, à l’instant T, qui sera primordiale. Les conditions de scoring des dragons évoluant à chaque saison, nos Juniors vont devoir repenser en permanence leur manière de construire leurs îles pour ne pas risquer de s’amputer de dragons qui leur seront utiles pour la suite de la partie. Dragon Parks les oblige donc à faire preuve d’une grande souplesse et les met face à des choix parfois cornéliens, mais tout en restant relativement léger, les stratégies mises en oeuvre n’étant jamais très punitives.
Si le jeu semble bien plus simple à deux joueurs (vos Juniors n’auront aucun souci pour se souvenir des cartes qu’ils vont récupérer deux tours plus tard), je le conseille néanmoins à partir de 3 joueurs. Le draft des cartes est fondamentalement plus savoureux. Les Juniors sont obligés, dans cette configuration de partie, de faire des paris, parfois risqués, sur les cartes qu’ils vont ou non récupérer de leurs voisins. S’en suivent parfois des gros moments de déception, lorsque toute leur stratégie tombe à l’eau à cause d’une carte malheureuse mais surtout, des moments de joie intense lorsque LA bonne carte arrive entre leurs mains, leur permettant de nous rafler la victoire sous le nez.
Concernant la rejouabilité, même si les parties s’enchaînent volontiers du fait de leur durée très courte, les îles recto verso et les 60 cartes transparentes sont gages de sessions de jeu chaque fois différentes. En une vingtaine de parties, nous n’avons jamais utilisé la même stratégie, l’aléatoire de la pioche nous obligeant à adapter nos choix aux cartes et îles que le sort nous avait confiées.
Si vous cherchez un petit jeu stratégique, mais pas trop, pour goûter avec vos Juniors aux prémisses des mécaniques « de grands », Dragon Parks saura vous ravir. Surtout si vos Juniors ont pour projet secret d’ouvrir un Dragon Dino Park quand ils seront grands !
On aime :
- Le thème qui parle aux Juniors
- Les illustrations de Ayumi Kakei : on reconnait bien l’empreinte d’Ankama avec ses univers colorés à la Dofus
- Un jeu qui initie les Juniors au Draft tout en douceur
- L’aide de jeu qui permet de structurer les étapes de scoring, parfois laborieuses
- Faire dévorer les touristes des copains en piquant toutes les cartes moutons
- La qualité du matériel, comme toujours avec Ankama
On aime moins :
- Devoir enlever les 60 films plastiques sur les cartes transparentes (quand on a pas d’ongles, c’est l’horreur)
- Les parties à 2 joueurs qui manquent un peu de pep’s
Vos Juniors devraient beaucoup aimer si :
- S’ils aiment les dragons
- S’ils aiment les jeux au matériel original et surprenant
Vos Juniors aimeront moins si :
- S’ils sont allergiques à la mécanique de draft
- S’ils ont du mal avec les plateaux de jeux modulaires (qui changent en fonction de leurs choix)
Le trouver :
Fiche du jeu :
- Un jeu de Nicolas Sato
- Illustré par Ayumi Kakei
- Édité par Ankama
- Pour 2 à 5 Juniors
- De 8 ans et plus
- Et des parties d’environ 15 minutes