Test – Monkey Klash
Les fruits tombent des arbres et les singes de chaque tribu ont bien envie de s’en gaver. Mais ces derniers sont assez prompts à la colère, surtout quand un singe de même force tente de s’emparer du fruit qu’ils convoitent. En piste pour un Rrrrrumble in the jungle ? Sortez les mangues, les ananas et les noix de coco, la guerre va être totale. !
Monkey klash est un jeu de Michel Goncalves, illustré par Vincent Batignole. Destiné de 2 à 5 joueurs à partir de 8 ans, c’est édité par Débâcle.
Ça passe fin !
Monkey Klash est un jeu de cartes dynamique et musclé entre bataille, rapidité et collection. Le jeu est plutôt simple, mais de nombreuses petites subtilités (et la nécessité d’être rapide dans ses réactions) le prédisposent à des Juniors qui ont du ressort, surtout s’ils jouent contre des adultes.
Une petite mini surprise attend les joueurs qui découvrent les cartes : ces dernières sont un peu fines et accrochent pas mal lorsqu’on les mélange. Bon, ça n’a rien de grave, car le jeu ne demande pas un brassage fréquent, mais c’est d’autant plus dommage que les illustrations sont quant à elles très réussies dans leur genre en plongent d’emblée le joueur dans une jungle cartoon particulièrement sympatoche.
La règle est claire et fort bien illustrée, en revanche le QR code sur la couverture ne semblait guère fonctionner. Aucune importance : vous saurez jouer en lisant ces lignes.
Viens dans ma tribu
Le jeu se compose de deux types de cartes : les cartes tribu, c’est-à-dire les singes que les joueurs vont envoyer ramasser les fruits, et les cartes fruits à proprement parler. On notera qu’il s’agit ici d’un abus de langage, car les cartes fruits dissimulent plusieurs surprises que l’on détaillera plus loin.
Côté singes, chaque joueur dispose des mêmes cartes que ses adversaires, c’est-à-dire 10 cartes tribu. Chaque tribu est composée de plusieurs personnages hauts en couleur (Gorille, Champanzette, Babouins, etc.) qui ont chacun leurs propres capacités.
Le but du jeu sera de marquer un maximum de points en récoltant notamment des cerises, mangues, pastèques et caramboles, mais aussi des guêpes (!).
Comme souvent avec ce type de jeu la mise en place est très rapide : le paquet qui contient les fruits est mélangé, et on place en jeu face visible autant de cartes qu’il n’y a de joueurs. Une dernière carte est mise face cachée au centre du jeu.
Chaque joueur prend toutes les cartes de sa tribu et la partie peut commencer.
« Mon-key-clash »
Pour jouer, chacun doit choisir une carte en secret dans sa tribu et la placer face cachée devant lui. Les cartes sont ensuite révélées simultanément après avoir compté « Mon-Key-Klash » (ou « 1 – 2 – 3 » si vous avez la flemme).
Si plusieurs joueurs révèlent une carte identique, il y a alors Klash. Chacun de ces joueurs (et eux uniquement) devra toucher la carte centrale placée face cachée. Les autres devront soigneusement s’en abstenir.
Dans ce cas de figure, le premier joueur qui touche la carte est un Bossa. Ceux qui touchent la carte ensuite sont des Loozas.
Les joueurs qui n’avaient aucune carte identique et qui se sont abstenus de toucher la carte centrale sont eux aussi des Bossas. En revanche, si, gagnés par l’excitation, ils ont eux aussi touché la carte centrale, ils deviennent alors des Brutas, et ça va chauffer pour eux.
Pour résumer :
Je suis un Bossa si :
- J’ai joué un singe que personne d’autre n’a joué (et je ne bouge pas).
- J’ai joué un singe que d’autres ont également joué et je suis le premier à toucher la carte centrale.
Je suis un Looza si :
- J’ai joué un singe que d’autres ont également joué et je ne suis PAS le premier à toucher la carte centrale.
Je suis un Bruta si :
- J’ai joué un singe que personne d’autre n’a joué, mais comme je suis une grosse brute, j’ai quand même cherché à toucher la carte centrale.
Faisons notre marché
On comprend ici que ces titres honorifiques servent à déterminer un ordre d’initiative. Car l’avantage des Bossas, c’est qui vont pouvoir choisir leurs fruits avant les Loozas, et les Loozas avant les Brutas. Et dans un jeu de Collection, choisir avant les autres, ça a du sens.
Le partage des fruits commence donc parmi les Bossas, en fonction de la force de leur carte jouée. Le Gorille choisit une carte avant la Chimpazette, qui choisit avant les Babouins, etc. Les joueurs peuvent prendre la carte de leur choix, mais ne peuvent pas prendre la carte centrale face cachée, car elle ne peut être prise qu’avec des règles spéciales (on y revient tout de suite).
Une fois que les Bossas ont choisi et pris une carte, c’est au tour des Loozas puis des Brutas, suivant les mêmes conditions. Une fois que chacun est servi, la carte de tribu jouée est défaussée face visible devant chaque joueur, les cartes fruits sont remplacées et une nouvelle carte centrale est ajoutée face cachée dans la jungle.
On repart alors pour un nouveau round. Vous aurez d’emblée compris le principe : il faut essayer de deviner les cartes qui seront jouées par vos adversaires pour éviter des batailles, qui seront réglées par de la dextérité.
Monkey business
Si on part de ce principe, le jeu est très simple, et on peut même jouer tel quel avec des enfants plus jeunes de 6 ou 7 ans, surtout s’ils sont de même niveau en termes de dextérité (ou si on trouve une autre méthode pour départager les égalités).
Mais ce serait sans compter les pouvoirs de chaque singe… voire de chaque fruit, qui vient apporter à Monkey Klash tout son intérêt pour les plus grands.
Car oui, le jeu est une (petite) forêt d’exceptions qui viennent bouleverser la règle et venir apporter le chaos. Normal, on est dans la jungle.
Donc reprenons. Si le Gorille ou la Chimpanzette sont de sortie, les règles normales s’appliquent. Le Gorille choisit avant les tous autres, et la Chimpanzette choisit sa carte avant presque tous les autres (sauf le gorille).
En revanche si plusieurs babouins sont révélés simultanément, ils ne s’affrontent pas pour le titre de Bossa, mais volent directement un fruit révélé avant même le partage global. Comme ça, sans se gêner ! Du moins : ils essayent ! Car si d’aventure plusieurs babouins tentent de toucher simultanément la même carte fruit, seul le premier pourra s’en saisir. Les autres seront des Loozas et prendront leurs fruits plus tard, après les Bossas.
Mais attention, si un Papy Babouin est révélé en même temps que plusieurs babouins, alors le Papy annule leur raid. Il devient Bossa, et c’est lui qui, après s’être servi, choisira les fruits des babouins en fonction de ce qui l’arrange, ce qui peut être cocasse, car il y a évidemment des cartes négatives dans le jeu.
La dernière carte tribu est celle de la Ouistiti, une chapardeuse qui ne vise pas les fruits révélés, mais les cartes face cachée placées au centre. En effet, entre chaque tour la pile de fruits face cachée grossit peu à peu. La Chapardeuse Bossa pourra donc rafler un joli butin, même si elle en ignore le contenu. Cette carte est assez puissante, ce qui explique qu’elle n’existe qu’en un seul exemplaire dans chaque tribu.
Des fruits qui valent leur pesant de cacahuètes
Autre subtilité à prendre en compte : certaines cartes « fruits » produisent des effets de jeu afin d’influer directement sur sa collection.
La cacahuète, par exemple, permet de décider à quelle collection elle sera attribuée lors du décompte final pour y compter un fruit supplémentaire.
Les bananes rajoutent 3 points au score quoiqu’il arrive, et les statuettes des 3 sages rapporteront 10 points au joueur qui en possède le plus.
Les Guêpes valent 0 point, la Reine des guêpes en fait carrément perdre, mais posséder le Bourdon permet de renverser la situation et d’obtenir un point par guêpe, voire 2 points pour la Reine, ce qui peut constituer un joli pactole final.
Bref, un joli bestiaire qu’il va falloir assimiler petit à petit.
Un décompte fruité
La partie prend fin au 9e tour, lorsque les joueurs ont joué toutes leurs cartes tribus sauf une.
Comme vous l’aurez deviné, le décompte final récompense les joueurs majoritaires dans chaque collection de fruits. Chaque collection ramène plus ou moins de points, et les cartes fruits sont présentes en plus ou moins d’exemplaires (le nombre d’exemplaires est indiqué sur chaque carte).
Il faut donc en permanence tenter de compléter ses collections, perturber l’adversaire dans le développement des siennes, et prendre sa chance de temps en temps avec le paquet central, pour tenter d’inverser certaines majorités. Bref il faut avoir des yeux et des mains partout, mais, après tout, vous êtes des singes.
Des sensations grisantes, mais…
Sans grande surprise, les plus grands sont ceux qui seront les plus rapidement à l’aise avec le jeu. Si les enfants apprécient le thème, la complexité de certaines interactions entre les cartes tribus rend les parties parfois chaotiques et empêche les enfants de réfléchir tranquillement à leur constitution de collection.
Car mine de rien, au moment de retourner sa carte il faut simultanément :
- Regarder si une carte identique est en jeu
- Si oui, se précipiter pour taper le paquet central
- Si non, s’abstenir de tout mouvement
Rien de compliqué, dans les faits. Mais dans l’hystérie collective, et avec 9 collections possibles à constituer et surveiller chez les adversaires, les enfants ont tendance à se perdre dans l’enchevêtrement de mains, là où il n’est pas toujours très simple d’arbitrer qui a tapé la carte centrale en premier.
Le jeu devient plus fluide et intuitif à partir de 10 ans. Les enchevêtrement de mains (fréquents dès que les babouins sont de sortie) deviennent moins chaotiques et chacun y retrouve plus facilement ses petits.
À bien des égards, le jeu fait penser à un mix inattendu entre Jungle Speed et Superfly, avec la même problématique de convoitise autour des cartes disponibles. En revanche Superfly avait troqué la vitesse d’exécution par une mécanique de bataille au dé, plus judicieuse avec les enfants.
Tout cela pour vous dire que Monkey Klash est un jeu fort malin, offrant de nombreuses possibilités de scoring et incroyablement défoulant pour les joueurs qui veulent des jeux de collection plus punchy. En revanche il est un peu plus difficile d’accès pour des joueurs de niveaux très différent, et y mélanger enfants de 8 ans et adultes nous semble très compliqué, à moins d’être avec de gros joueurs (ou alors avec des adultes très mous).
Si vous êtes un grand habitué des jeux de collection, Monkey Klash apporte définitivement le plaisir de la baston observation/rapidité pour savoir qui sera le Roi des Noix de Coco, pour les autres il vous faut essayer quelques parties avant de savoir si vos enfants sont prêts pour la baston dans la jungle, surtout s’ils ont entre 7 et 10 ans.
Quelques variantes pour jouer avec des plus jeunes ?
Comme dit plus haut, nous avons tenté de jeu avec des enfants de 6 à 8 ans, et ils s’y sont énormément amusés en gérant les batailles autrement qu’avec de la dextérité. Nous avons déterminé Bossas et Loozas au chifoumi ou au lancer de dé, et le jeu est alors devenu plus serein et pas moins intéressant.
Pour jouer selon le principe de base, notre conseil est de commencer avec des parties à 3 (évidemment moins confuses) et de zapper les pouvoirs des tribus dans les toutes premières parties, afin de faire rentrer progressivement les interactions entre chaque singe. Rien d’insurmontable, assurément, mais plus vous ajouterez les éléments progressivement, plus les règles seront simples à assimiler.
L’avis de Plateau junior
Monkey Klash est un jeu de collection très rapide et rythmé, basé sur un combo détonnant stratégie/observation/rapidité, qui évoque un mix explosif entre Superfly et Jungle Speed. Chaque révélation des cartes jouées déclenche un duel qui claque (et qui peut faire mal aux mains si vos adversaires portent des bagues) dans des explosions parfois un peu confuses. Mais ne vous laissez pas abuser pour autant : Monkey Klash est un vrai jeu de collection, bien plus tactique qu’il n’en a l’air. Il faut tenter de deviner les prochaines cartes jouées par ses adversaires pour éviter les Klash et s’imposer Bossa dès qu’une carte prometteuse fait son apparition. Si les premières parties sont un peu confuses le temps de découvrir les pouvoirs de chaque singe, les choses deviennent rapidement plus fluides, car les effets sont toujours logiques. Dans la jungle terrible jungle il sera parfois difficile de faire entendre sa voix, mais il sera toujours possible de scorer un petit quelque chose au vu des larges collections possibles. Au final, le jeu laisse un agréable souvenir après chaque partie, mais demande réellement un temps d’apprentissage pour les plus jeunes, et surtout de jouer entre adversaires de la même force pour être savouré à plein.
On aime
- Un jeu rythmé et pêchu
- Les illustrations réussies
- Les interactions entre singes
- De la collection en veux-tu en voilà
- Du scoring toujours possible
- Un jeu plus tactique qu’il n’en a l’air
On aime moins
- La qualité des cartes un peu en dessous
- Un jeu parfois confus
Ce jeu pourra plaire aux Juniors si :
- Ils sont addict aux jeux de collection et en cherchent un bien speedé
Le trouver
Pour aller plus loin
Merci d’avoir pris le temps d’écrire cette jolie analyse ! Très bien écrit et très bien commenté.
L’auteur