A partir de 10 ansJeux de cartesJeux inclassablesOn teste !

Test – [Kosmopoli:t]

Il y a des jours différents. Des jours où tu sens qu’il va se passer quelque chose de particulier. Tu ne sais pas encore quoi, mais un petit quelque chose dans l’air te le dit.

La journée démarre tranquillement, tu t’occupes gentiment à finir ce fameux collier de trombones au bureau pour le Guinness book des records, quand le rédac’chef ouvre la porte à toute volée : « Krinie, j’ai une mission pour toi ! »

Euh ? Tu écartes vivement ton ouvrage patiemment commencé il y a 3 semaines.

« Je t’écoute, ô astre de lumière scintillant de joie et de transcendentalité ». Parce que le chef aime bien qu’on le respecte.

« On entend parler partout d’un OVNI Ludique, un OLNI, et Plateau Marmots doit écrire un papier dessus ! Tu te sens de le faire ? Je crois que ça s’appelle Kosto:moplit ou un truc comme ça ! »

A la fois émue par tant de confiance (en même temps la moitié de la rédac est malade et l’autre moitié en vacances) et un peu excitée, j’attrape mon téléphone, mon imper spécial investigations, ma boîte à goûter et je pars mener l’enquête.

[Cet article a précédemment été publié sur plateaumarmots.fr, en voici une version mise à jour pour Plateau Junior.]

[kosmopoli:t] est un jeu de Florent Toscano et Julien Prothière, illustré par Stéphane Escapa, édité par les Jeux Opla et qui vient tout juste de sortir, là, maintenant. Il est donné à partir de 10 ans, pour des parties de 4 à 8 cuistots en 6 minutes. Montre en main.

Vous prendrez bien un Cosmopolitan en apéro ?

[kosmopoli:t] est un jeu coopératif, c’est-à-dire que tous les joueurs vont jouer ensemble dans le but commun de restituer leurs commandes aux différentes tables d’un restaurant un peu énervé. Pour y jouer, il vous faudra une grande table, un smartphone avec l’application installée dessus et pas mal de zen. Ou pas.

Dans la boîte, pas d’iPhone 28 S+ max, malheureusement. Mais un carnet de commandes, deux gros paquets de cartes de qualité standard et un livret qui nous explique comment le jeu a été conçu et tout un tas de concepts super intéressant, comme l’origine des langues, leur fréquence actuelle, quelques définitions de linguistique même pas chiantes et un making-off très sympa.

Les illustrations sont mignonnettes et les cartes claires, et pour un jeu où la rapidité d’identification a son importance, c’est indispensable.

Mais alors, comment ça se joue, [kosmopoli:t] ?

Il faut d’abord affecter les rôles. Comme dans tout bon restaurant, la serveuse prend les commandes, les cuistots préparent les plats et le maître d’hôtel orchestre le tout. Armée du smartphone et d’écouteurs, la serveuse va écouter l’application lui énoncer les différentes commandes pour chacune des tables et devra les annoncer pour l’équipe. Le maître d’hôtel note tout ça et les cuistots recherchent les plats correspondant aux commandes parmi leurs cartes ingrédients.

Simple, non ? Ça le serait, et insipide à en pleurer, si les plats n’étaient pas des spécialités étrangères, annoncées dans leur langue, et à retrouver parmi une liste de plats translitérés.

Translitéré, kézako ? Ecrit comme on l’écrirait dans l’alphabet et la prononciation française. Exemple de la règle : « saucisse » qui donnerait « sossis » ou un machin comme ça.

En pratique, ça se passe ainsi : la serveuse entend « houldougouagoua » pour la table 8. Le maître d’hôtel note « oulgwagwa » + table 8, les cuistots recherchent parmi leurs cartes langues où on peut trouver un plat qui ressemblerait vaguement à ça, trouvent « Ourougwagwa » sur la carte du Rwanda, voient que l’ingrédient associé est une banane, se demandent bien ce que c’est que ce truc (d’ailleurs, j’ai googlé le terme et je n’ai pas trouvé ce plat rwandais), donnent les cartes « kinyarwandais » et banane au maître d’hôtel qui rajoute la carte table 8 et donne le résultat de la commande à la serveuse qui peut rentrer tout ça dans l’application et vérifier que le client est satisfait. Ouf.

Et il faut répéter le process pour toutes les tables, plus ou moins nombreuses suivant le niveau de difficulté. Une erreur et on perd des points. On veut ré-écouter la commande d’une table précédente ? Encore des points en moins. Un indice ? Points en moins. Etc, etc. Chaque partie dure 6 minutes et a un objectif en points à remplir.

Pour les premiers niveaux, les débutants, donc, un premier paquet de cartes continents (chacune représente les langues et plats d’un pays) et des ingrédients. Puis, si vous commencez à bien vous débrouiller, l’application vous indiquera de débloquer plus de cartes, augmentant le nombre de pays par continent et le nombre d’ingrédients, ce qui rendra les choses encore moins simples.

Un mot sur l’application : parfaitement intuitive et très raccord graphiquement avec le reste du jeu.

 

Mais alors, ô grande prêtresse du gloubiboulga, est-ce que ça marche bien ?

Oh que oui ! Sur le papier, on se dit « encore un jeu de communication, façon téléphone arabe… pfff… » mais ça tourne vraiment, mais alors vraiment bien ! L’idée d’utiliser différentes langues est tout simplement exceptionnelle et le thème est particulièrement bien choisi.

Et les petits trublions d’auteurs ont même choisi d’intégrer un set de cartes pour la France. Je vous vois venir, petits coquins, qui vous dites que la France c’est facile. Mais que nenni, mes bons ! Surtout quand les plats sont prononcés avec de bons accents régionaux bien de chez nous.

Extrait de conversation :

« Quelle table a commandé la soupoheu ? Hein ? C’est quelle table ? Et il y a quoi, dans la soupoheu ? Mais c’est quooiiiiii la SOUPOHEU ???!!!! » Notre serveuse a bien failli nous faire un nervouss braikdone.

Et on a envie d’enchaîner les parties courtes et fun, car les combinaisons étant très nombreuses, peu de chances de retomber sur le même plat. Que vous n’aurez de toute façon pas retenu.

Un mot sur l’âge

Le jeu est donné à partir de 10 ans. Et il faut en effet avoir une bonne maîtrise de la lecture et s’être détaché ensuite de la notion d’orthographe et de grammaire pour comprendre le principe de translitération. Ça demande soit un certain recul, soit d’avoir une orthographe de quiche. De ce point de vue, il est possible que les juniors de 8 ans puissent aussi profiter de [kosmopoli:t]. Cependant, au-delà d’un certain niveau de difficulté, les ingrédients sont moins connus et les plus jeunes cuistots risquent de galérer un peu pour retrouver l’igname. Même avec un dessin, quand on ne sait pas ce que c’est, on ne sait pas si c’est un légume ou un morceau de jambon. Vous me direz que c’est aussi vrai pour les adultes et vous n’aurez pas tort.

Mais bon, nous, chez Plateau Junior, on pense que les marmots de 8 ans et plus peuvent jouer. Au pire, faites-les jouer le rôle de la serveuse, il y a de toute façon des chances qu’ils sachent se servir de l’app mieux que vous.

L’avis de Plateau Junior

[kosmopoli:t] est bel et bien un OLNI, de la meilleure des factures. Pas besoin de connaissances, un principe malin et très bien réalisé, avec des heures de recherches et en partenariat avec des linguistes des plus sérieux. Et des parties qui s’enchaînent, avec des fous-rires nerveux de la serveuse et des cuistots tandis que le maître d’hôtel reste impassible face à toute cette agitation.

On ressort des parties de [kosmopoli:t] un peu plus légers d’avoir autant ri, avec le sentiment de faire partie d’un grand tout humain, autour d’une thématique universelle. Je crois bien que le pari est plus que réussi.

Bon, par contre, elle est où, la soupoheu ?

On aime

  • La durée des parties
  • La simplicité des règles
  • Voyager via les plats des différents pays même si on ne sait pas ce que c’est
  • Pouvoir jouer à tout âge
  • Les plats prononcés par des locuteurs natifs parce que c’est la méga-classe
  • Le travail de fou que ça a dû représenter
  • Le côté évolutif
  • Retrouver un petit descriptif des plats en fin de service

On aime moins

  • Ça prend une place de fou sur la table si on veut bien étaler toutes les cartes
  • Il ne faut pas être allergique aux applications comme support de jeu
  • On attend de pied ferme de nouvelles langues pour quand on aura fini celles de la boite de base

Le trouver

Chez Philibert

Fiche technique

Un jeu de Julien Prothière et Florent Toscano
Illustré par Stéphane Escapa
Edité chez Opla
De 4 à 8 joueurs
A partir de 8-10 ans

2 commentaires

  1. En fait, « Ourougwagwa » est une boisson rwandais typique. Je t’invite à lire cet article https://www.happybeertime.com/blog/2017/05/07/rendez-terres-africaines-n2-tradition-sociale-tribale-de-lurwagwa-biere-a-banane-rwanda-burundi/
    Pour l’anecdote, j’ai travaillé quelques mois avec l’équipe du jeu lors de son développement. Et pour les besoins du jeu, l’équipe de linguistes derrière le jeu a élargie la sélection des « plats » qui figurent dans le jeu à des boissons typiques de certaines régions, dans un soucis technique lié au nombre de cartes ingrédients.

    1. Bonjour Myriam, merci infiniment de ton commentaire très instructif sur l’envers du décor.
      En outre, c’est ma grande fille qui jouait la serveuse et peinait pour prononcer le terme. Grâce à toi, je vais pouvoir ramener ma science et lui raconter ce qu’est ce breuvage ! Encore merci !!

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