Test – Four senses
Le vendredi chez Plateau Junior, c’est certes la dernière ligne droite avant le week-end, mais aussi le jour des réunions hebdomadaires de la rédaction, immanquablement suivies par un exercice de team-building. Notre bien-aimé rédac’chef, dans son universelle bienveillance, croit en effet aux vertus de l’adversité partagée, tous ensemble, pour souder une équipe. C’est donc après une partie de colin-maillard très disputée remportée encore une fois par Alicia (24 victoires d’affilée, ça finit par être énervant) que je me traîne péniblement vers mon bureau, les genoux et les cuisses pleins de bleus à force de me cogner aux coins des bureaux.
« Coco ! » entends-je crier derrière moi tandis que le chef m’attrape par le bras. « Coco, je crois que tu as besoin d’entraînement pour les séances de team-building, parce que bon… on va se dire les choses, hein ? T’es un peu nulle à colin-maillard… Mais rassure-toi ! J’ai justement reçu un petit jeu qui se joue à l’aveugle, tu vas m’en faire un papier, et ça te permettra de t’entraîner et peut-être d’être un peu moins mauvaise ? Hein ? Pour avant-hier, le papier, merci. »
Et de me coller une boîte de Four Senses dans les mains.
[Cet article a précédemment été publié sur plateaumarmots.fr, en voici une version mise à jour pour Plateau Junior.]
Edité par Helvetiq, créé par Mitsuo Yamamoto et illustré par Florian Bellon, Four Senses est un jeu pour 2 à 3 tâtonneurs, à partir de 8 ans et pour des parties de 10 à 20 minutes.
Des ptits trous, des ptits trous, toujours des ptits trous
Le but du jeu est simple : aligner un certain nombre de pièces en bois soit du même type, soit de même hauteur, soit en escalier, pour gagner. Ça vous rappelle le puissance 4 ? On n’est pas loin de l’idée. A ceci près que les joueurs ne possèdent pas de pièces à leur couleur, et qu’ils jouent les yeux bandés.
Dans la boîte, un plateau en bois présentant des trous qui accueilleront les pièces en bois, avec ou sans trou au milieu, doubles ou simples, au nombre de 24. Trois masques occultants pour les yeux complètent l’ensemble.
Si les pièces en bois sont de bonne taille et de bonne facture, agréables à manipuler, il n’en va pas de même des masques, très fins et très en-dessous en termes de qualité, limite transparents. A tel point que ma petite Junior, en enfilant son masque, a cassé un des élastiques. Et ma petite Junior, pâle et fine adolescente un peu gothique, ce n’est clairement pas une brute qui avale des steaks crus au petit-déjeuner. Zéro force physique, quoi. Donc j’ose à peine imaginer les mêmes masques entre les mains de juniors plus jeunes et plus énervés. Mauvais point pour le jeu, en tout cas.
Et comment qu’on joue à Four Senses, sinon ?
Vous commencez par enfiler un des masques, si possible sans casser un élastique. Vous oubliez que vous voyez à moitié au travers, voire vous fermez les yeux, soyons fous. Le plateau est vide et entouré des pièces triées par type : simples avec ou sans trous, doubles (une pièce simple à trou collée à une sans trou).
A son tour, chaque joueur prend une pièce sur les côtés et la place sur le plateau en respectant les règles de placement. On peut placer une pièce simple sur une autre pièce simple mais pas sur 2 pièces simples ou une double, une pièce double dans un emplacement vide, voire sur une pièce simple, créant ainsi un emplacement de 3 niveaux. Une fois sa pièce placée, le joueur vérifie les conditions de fin de partie, et s’il a gagné, l’annonce et c’est terminé. Sinon c’est le tour du joueur suivant.
On gagne à Four Senses quand on a aligné horizontalement, verticalement ou en diagonale 4 pièces identiques, peu importe leur niveau. Donc par exemple, 4 pièces à trous.On gagne également si on aligne de la même manière 4 pièce de même niveau, avec ou sans trou.
On gagne encore si on réussit à construire un escalier de 3 pièces qui se suivent, avec ou sans trou, de niveau 1, puis de niveau 2, puis de niveau 3.
Et si on réussit à atteindre une des conditions de victoire mais qu’on ne l’annonce pas, le joueur qui s’en rend compte peut l’annoncer et gagner.
Bon, c’est pas Colin-Maillard mais tu as trouvé ça comment ?
Les règles sont simples à assimiler, même si on peut se retrouver avec un marmot qui va oublier le coup de l’escalier et abandonner la victoire à d’autres. Les parties sont courtes, sans trop de temps morts, même si, absence de vision oblige, chaque tour débute avec une petite reconnaissance du nouvel état du plateau. A ce petit jeu, ceux qui sont capables de visualiser le plateau dans leur tête seront nettement avantagés, car les autres pourront tout aussi bien balancer une pièce au hasard, n’ayant aucune idée de l’état de la partie.
De ce point de vue, petits comme grands peuvent avoir une chance similaire de gagner, et vue la complexité des règles, on le conseille même à partir de 6 ans. Par contre, Four Senses n’évite pas cette caractéristique propre à tout jeu purement abstrait, un joueur très calculatoire et anticipateur ou habitué sera probablement capable d’acculer Jean-Kévin à commettre une erreur qui lui coûtera la victoire.
Avantage majeur du jeu, en tout cas, c’est que les non ou mal-voyants peuvent sans problème y jouer. Ce qui permettra à votre vieille tante Janine à la vue un peu basse de jouer à un jeu à armes égales contre le petit Jean-Kévin. Et vous pourrez même les rejoindre car, rappelons-le, le jeu permet d’accueillir jusqu’à 3 joueurs.
L’avis de Plateau Junior
Un puissance X revisité à la sauce non-voyante, il fallait y penser ! Four Senses reprend les codes et les détourne pour en faire un petit jeu malin et sans prétention, qui offre les avantages du genre, rapide, accessible, avec ses défauts : on peut vite en faire le tour.
A éviter absolument, par contre, si vous jouez avec un ou des joueurs lents. Déjà qu’en temps normal c’est pénible, mais si en plus vous devez attendre dans le noir…
On aime
- Rapidité et accessibilité
- L’originalité du jeu dans le noir
- La possibilité de jouer à 3
On aime moins
- Les masques trop fragiles
- Si vous n’aimez pas les puissances 4, c’est quasi le même jeu.
Le trouver
Fiche technique
- Un jeu de Mitsuo Yamamoto
- Ilustré par Florian Bellon
- Edité par Helvetiq
- De 2 à joueurs
- A partir de 8 ans