A partir de 8 ansOn teste !

Test – Architectura

De Catane à Carcassonne en passant par Santorini, les bâtisseurs de citadelles, de villages ou de fiefs ont souvent la part belle dans le monde du jeu de société. Mais ces jeux, aussi réussis qu’ils soient, ne sont pas toujours simples à appréhender… et encore moins à trimballer.  Game Brewer nous propose donc Architectura, un petit jeu de cartes très simple à jouer qui se fait fort de vous propulser architecte en chef d’une Cité resplendissante, forte de ses magasins, de ses écoles, de ses théâtres… mais également de ses tours de guet et de ses casernes.

Architectura est-il assez accessible pour que nos marmots s’emparent sans plus attendre des plans de leur chambre pour la transformer en nouvelle Minas Tirith ? Suivez-nous, on va de ce pas aller poser la première pierre.

Architectura est un jeu de Pavel Atamanchuk, illustré par Marina Kunakasova et Uildrim. Prévu pour 2 à 4 joueurs, il est édité par Game Brewer et jouable dès 8 ans.

[Cet article a précédemment été publié sur plateaumarmots.fr, en voici une version mise à jour pour Plateau Junior.]

A la découverte des fondations

Le principe d’Architectura est donc de bâtir une ville commune à tous les joueurs, divisée en quartiers et en rues. Pour l’emporter, il faudra parvenir à mettre en avant ses propres édifices et déprécier ceux des adversaires. Car dans Architectura, toute construction placée en jeu impacte directement les voisines, leur faisant perdre ou gagner de la valeur. Ce n’est pas comme dans la vraie vie, heureusement, où la création de logements sociaux n’a aucune influence sur le prix du mètre carré des habitations alentour.

On l’aura compris : Architectura est un jeu de pose. Et notez immédiatement dans un espace de cerveau disponible que le jeu comporte deux modes : le jeu de base et le jeu expert. La différence essentielle est que le jeu expert permet à chaque joueur de customiser son deck de constructions. On y reviendra plus tard.

Une bien jolie ville

Architectura se compose de quatre sets de cartes représentant l’ensemble des bâtiments constructibles et de 8 cartes qui aident à délimiter la zone de jeu. Les cartes sont plutôt jolies, très colorées, et l’on reconnaît sans souci tous les édifices, de la Taverne au Théâtre en passant par le Manoir. Les cartes sont claires, lisibles, et donnent immédiatement envie de jouer.

La boîte contient également une poignée de jetons, mais au vu du contenu on ne pourra s’empêcher de penser que l’ensemble est très facilement transférable dans une boîte bien plus petite et vraiment plus facile à transporter.

Le gros point fort du jeu, néanmoins, c’est la règle, qui est à la fois claire et bien foutue. Entendez par là que les cartes qui présentent un effet complexe sont détaillées individuellement, et que tous les points de règles pouvant poser question sont bien expliqués. On sent qu’un effort a été fait sur l’accessibilité.

Quand on arrive en viiiiiiiille

La mise en place d’Architectura est fort simple et consiste à aligner les 8 cartes de quartier qui permettront de se repérer dans la construction de la ville. Chaque joueur pioche ensuite 3 cartes du deck de sa couleur (dans le jeu de base, tous les decks sont identiques), et la partie est lancée.

Le tour de jeu consiste à placer une carte bâtiment dans le premier quartier disponible de la rue de son choix. Pas de panique, je m’explique. La ville s’organise en un tableau composé de quartiers (8 colonnes) et en rues (les lignes). Si le nombre de colonnes est fixe, le nombre de rues correspond en fait au nombre de joueurs. Au max des joueurs on aura donc 8 colonnes de 4 lignes. CQFD.

Une pierre dans ton jardin

Pour jouer une carte, donc, il faut la placer sur le premier emplacement disponible, c’est-à-dire à dire à droite d’un bâtiment déjà construit, ou le premier de la rue. Il est toujours possible de choisir la rue dans laquelle on construit, sauf si toutes les autres rues sont pleines, bien évidemment.

La pose d’un bâtiment a toujours pour effet immédiat de comparer les valeurs de votre carte avec celle qui est placée sur sa gauche. Chaque carte, en effet, indique 4 valeurs (une sur chaque face). Alors suivez-moi bien parce que ça va être sympa.

Dès que vous posez une carte, vous comparez sa valeur avec celle de la carte de gauche, peu importe à qui elle appartient.

  • Si votre carte est plus forte, cela déprécie celle de gauche. Vous inclinez donc cette carte d’un quart de tour vers une valeur inférieure.
  • Si votre carte est BEAUCOUP plus forte (plus de deux fois la valeur de la carte de gauche), alors vous la détruisez carrément. Oui, bim, vous venez d’implanter un Hyper U flambant neuf à côté d’une vieille épicerie de quartier.
  • En revanche, si votre carte est de valeur inférieure, vous AUGMENTEZ la valeur de la carte de gauche. Oui, même si elle appartient à votre pire ennemi : z’aviez qu’à jouer ailleurs.

Le jeu est donc basé sur la recherche de l’emplacement idéal pour essayer de booster vos cartes et de flinguer les cartes de vos adversaires… qui n’hésiteront pas à faire de même avec les vôtres, comme il se doit.

Les effets du logis

Une fois la confrontation des cartes effectuée, on passe à la résolution des effets. Chaque bâtiment permet de déclencher un effet qui va modifier des cartes déjà en jeu. Il sera ainsi possible d’échanger la place de deux cartes dans la même rue, de détruire une carte adjacente, d’augmenter la taille de sa main, ou de pivoter une carte de la ville dans le sens qui nous arrange le mieux. Les possibilités sont très nombreuses et demandent quelques parties pour être maîtrisées, mais ce sont bien évidemment elles qui font le sel du jeu, car elles permettent de twister des stratégies bien huilées pour les retourner contre leurs auteurs.

Fin de partie

La partie se joue aux points. Une fois qu’il ne sera plus possible de jouer, chacun fera alors le compte des points présents sur les cartes de sa couleur. C’est souvent indécis jusqu’au deux derniers tours, puisque l’intrusion de certains bâtiments peut en effet déclencher pas mal de changements sur le décompte final. Le magasin, par exemple, vous donne un bonus de +1 pour chaque carte de votre couleur présente dans la même rue. De quoi booster votre score et vous sauver la mise in extremis en fin de partie.

Mode Expert

Si le jeu de base propose un deck identique à tous les joueurs, le mode expert permet de se constituer son propre deck en remplaçant certaines cartes d’origine par des cartes un peu plus complexes, laissées pour l’instant de côté. Chaque joueur aura par ailleurs accès à des cartes différentes de celles des adversaires, pour des parties vraiment uniques. Tout le monde aura alors un deck personnalisé et pourra donner libre cours à sa créativité pour amplifier l’effet de ses stratégies. Si le jeu prend à ce moment donné une autre dimension, ce n’est clairement pas un mode que vous sortirez avec vos marmots, car il implique une grosse maîtrise du jeu. Ou alors vous le sortirez après quelques défaites bien senties, histoire de remettre les pendules à l’heure. Ce sera bas. Mais bon. Mais bas.

Et si vous perdez encore, votre autorité de parent sera réduite à jamais.

La faille de San Andreas

Très agréable à jouer avec des marmots, Architectura s’apprend vite mais donne l’impression qu’il est difficile à maîtriser. Les auteurs du jeu ont voulu mettre l’accent sur l’interaction entre les joueurs, créant de fait un système où rien n’est jamais acquis jusqu’à la dernière seconde. Lorsque l’on joue à quatre joueurs, on a l’impression d’être au milieu d’un combat de magiciens qui passent leur temps à tout transformer à chaque coup de baguette magique.

Les auteurs auraient presque pu faire le pari d’un combat magique à l’Université de L’Invisible d’Ankh-Morpork. Tout cela pour vous dire que certaines parties virent volontiers au joyeux bordel, et que les amateurs de stratégie planifiée en seront pour leurs frais. Si la mécanique de base peut être jouée dès 8-9 ans, l’application des effets des cartes attendra en effet quelques parties pour devenir naturelle. Heureusement, il n’y en a que 12 pour le jeu de base, ce qui va tout de même assez vite pour nos chers marmots architectes.

Si Architectura prend donc le risque de décevoir les amateurs de stratégie pure et dure, marmots et casual s’amuseront volontiers de cet équilibre instable, de ces constructions en dur parfois très éphémères, et de l’incertitude totale quant à qui l’emportera au final. On pourra s’amuser à imaginer un système de draft pour rendre le jeu moins aléatoire, en laissant par exemple 5 cartes à dispo pour constituer sa main.

Un autre bémol, quand même ?

Oui, mais il est anecdotique. Pour une raison qui m’échappe, la règle indique que les rangées sont des rues et les colonnes des quartiers. C’est immersif et sympa. Mais les cartes, elles, font systématiquement référence aux « rangées ». Dommage pour le thème, surtout qu’on s’y perd un peu.

Un autre point, encore plus anecdotique, c’est que FRANCHEMENT, la boîte est six fois trop grande par rapport au contenu. Okay, on la voit mieux sur la table d’une boutique, mais pour transporter le jeu, c’est franchement du déplacement d’air inutile.

C’est du chipotage, oui.

L’avis de Plateau Junior

Si Minivilles demeure encore un jeu de référence pour découvrir les joies de la construction de cités avec vos enfants, Architectura est un bon candidat lorsque viendra le moment de varier les plaisirs.

Le concept d’améliorer ou de détériorer les constructions avoisinantes lors de chaque pose est tout simplement excellent, et on se surprend volontiers à tendre des pièges aux adversaires pour avoir le plaisir de leur flinguer une bâtisse dans la foulée. Comme on le disait plus haut, ce système permet de générer des interactions permanentes avec les adversaires, ce qui est à la fois rare et jubilatoire pour ce type de jeu, même si c’est forcément bordélique.

Les joueurs qui ont besoin de sentir qu’ils maîtrisent une stratégie seront sans doute déçus, ceux qui aiment des parties rythmées et explosives seront ravis. Peut-être aurait-il fallu réfléchir à un système de draft de cartes plutôt qu’à une simple pioche ?

Dans le cadre d’un jeu avec des enfants, toutefois, nous vous conseillons donc de démarrer avec des parties en tête à tête pour appréhender le concept, avant de vous lancer dans des parties à 3 ou 4, forcément plus brouillonnes.

Mais quoi qu’il en soit, on passe des moments franchement rigolos sur Architectura, un jeu facile à sortir et sur lequel on enchaîne volontiers les parties.

On aime

  • Beau
  • Règles simples et accessibles
  • Système ingénieux
  • Des effets retors
  • Une partie dure 15 mn
  • Beaucoup d’interaction entre joueurs, ça change !
  • Le mode expert et ses decks personnalisés

On aime moins

  • La pioche joue un grand rôle
  • Un peu bordélique
  • Une boîte pleine d’air

Le trouver

Fiche Technique

Un jeu de Pavel Atamanchuk
Illustré par Marina Kunakasova et Uildrim
Edité par Game Brewer, Hobby World et Atalia
Pour 2 à 4 joueurs
A partir de 8 ans

Pour aller plus loin

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